Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Julien Niquet, co-fondateur d’EPSOR, une plateforme de gestion d’épargne salariale et retraite à destination des entreprises et de leurs salariés. Julien partage pour ISlean consulting son aventure entrepreneuriale et son expérience.

L’épargne salariale nouvelle génération : Rencontre avec Julien Niquet, co-fondateur d’EPSOR

Quel est le problème auquel répond EPSOR ?

De l’épargne salariale, beaucoup de gens connaissent les mots “intéressement” et “participation”, mais personne ne sait vraiment à quoi ils correspondent. Aujourd’hui, c’est un sujet complexe, qui fait peur autant aux entreprises qu’aux salariés.

L’idée d’EPSOR est de faire passer ce dispositif très financier à un vrai dispositif RH, et de montrer en quoi il est gagnant-gagnant à la fois pour les entreprises et leurs salariés.

Le problème auquel nous répondons est donc double :

  • Du côté des entreprises, et en particulier des TPE et PME, les problématiques récurrentes sont celles autour des ressources humaines : coût du travail, attractivité de l’entreprise et recrutement des talents. Les PME le savent peu, mais l’épargne salariale, par un accord d’intéressement par exemple, permet de répondre à ces trois enjeux : c’est un dispositif RH attractif et à moindre coût pour l’entreprise. En bonus : des dispositions de la loi PACTE entrées en vigueur au 1er janvier 2019 ont supprimé le forfait social sur l’intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés. Donc l’entreprise peut verser des primes d’intéressement à son équipe, sans payer de charges. Si l’entreprise veut verser 1 000€ à l’un de ses salariés, cela lui coûte 1 000€ et le salarié en reçoit 903€ (après CSG CRDS), vs 380€ dans un système de prime classique (avec un taux d’imposition marginal de 30%). Une fiscalité avantageuse, au bénéfice de l’entreprise et de ses salariés donc ! Chez Epsor, nous accompagnons les entreprises dans toutes leurs démarches administratives et nous proposons une solution 100% en ligne, pour une mise en place simple et rapide.
  • Par ailleurs, les salariés qui bénéficient d’intéressement ou de participation aujourd’hui se rendent souvent mal compte de l’intérêt de ces dispositifs. Ils ne sont pas du tout accompagnés, que ce soit par une formation initiale sur le sujet de l’épargne salariale, ou dans leurs choix d’épargne ensuite s’ils décident de placer leurs primes. C’est vraiment dommage, car intéressement et participation sont des dispositifs RH très puissants, qui accompagnent les salariés dans tous leurs projets de vie. C’est pour cela qu’avec Epsor, nous les accompagnons avec un module de conseil en ligne, pour faire les choix adaptés à leur situation personnelle.

 

Quelle est votre promesse ?

Epsor n’a bien entendu pas inventé l’épargne salariale, mais l’épargne salariale nouvelle génération peut-être bien ! 😉

Jusqu’à présent, les PME n’avaient pas adopté largement ces dispositifs, en raison de leur complexité et de la lourdeur administrative associée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seuls 20,6% des salariés d’entreprises de 10 à 49 salariés bénéficient d’épargne salariale aujourd’hui, contre 93% des salariés d’entreprises de +1000 salariés.

Avec Epsor, nous souhaitons démocratiser l’accès à l’épargne salariale aux PME. C’est pour cela que nous offrons une plateforme simple et intuitive, qui rend le sujet lisible pour les entreprises. Elles sont par ailleurs accompagnées à toutes les étapes dans leurs démarches administratives.

Notre promesse pour l’entreprise, c’est de proposer un dispositif RH puissant à leurs salariés, tout en réalisant des économies. Nous sommes 100% transparents sur les frais, contrairement aux offres plus classiques, chacun sait parfaitement ce qu’il paye !

Notre promesse pour les salariés, c’est de ne plus avoir besoin de demander à son collègue de bureau quel support d’épargne choisir. Nous les guidons, pour qu’ils comprennent à la fois l’intérêt de ces dispositifs et qu’ils puissent faire les meilleurs choix d’épargne pour réaliser leurs projets.

Comment avez-vous lancé le projet ?

Nous sommes 3 associés : Benjamin (Pedrini) et moi nous sommes rencontrés à l’inspection, à la Société Générale. Après 9 ans là-bas, j’ai eu envie d’autre chose, je suis donc parti fin 2016, sans trop savoir ce que j’allais faire.

Avec Benjamin, nous avions envie d’entreprendre et le sujet de l’épargne salariale est vite arrivé. Il a le mérite d’être à la croisée du monde financier, que nous connaissions très bien, et du monde RH, qui nous passionne. Nous pensons qu’il est bon de rappeler que l’entreprise est d’abord une aventure collective, faite d’hommes et de femmes.

Quand l’idée a émergé, le timing et le sujet étaient les bons et nous nous sommes lancés dans l’aventure entrepreneuriale ! Nous avons rencontré Julien (Murgey), notre associé et CTO, grâce au réseau.

Epsor aujourd’hui ?

Epsor aujourd’hui, c’est plusieurs dizaines d’entreprises partenaires, plusieurs milliers de salariés sur la plate-forme, plus de 20 millions d’euros d’en-cours.

En termes d’équipe, nous sommes désormais 17. Avec Benjamin et Julien, nous nous sommes répartis les rôles de façon complémentaire en fonction de nos profils : Benjamin est COO, Julien CTO et moi CEO.

Benjamin supervise tout le volet “produit, marketing et opérations”, Julien le volet “technique et développement des produits” et moi le volet “stratégie et commerce”.

Aujourd’hui, l’équipe est répartie de la façon suivante :

  • 7 personnes pour le volet commercial et la relation client,
  • 7 personnes pour le développement,
  • 3 personnes pour la conception produit et le marketing.

Les suites du développement ?

Il y a un momentum assez fort aujourd’hui sur l’épargne salariale grâce à la loi PACTE. Elle est importante car elle vient renforcer l’intérêt fiscal du dispositif et refondre complètement le sujet de l’épargne retraite. Cela ouvre de bonnes perspectives de développement de nouveaux produits pour Epsor, pour mieux adresser ce marché de l’épargne retraite.

Aujourd’hui, notre priorité est l’acquisition de nouveaux clients et l’augmentation de  la notoriété de l’entreprise. Nous commençons à avoir des entreprises connues, qui vont servir de références pour accélérer notre développement commercial. Notre objectif est d’atteindre la centaine d’entreprises clientes dès que possible.

En parallèle, nous communiquons sur les réseaux sociaux, nous créons du contenu et nous nouons des relations avec les journalistes pour construire notre marque et notre notoriété.

Après plus d’un an d’entrepreneuriat, quelles sont les leçons que tu retiens ?

Je suis ravi d’avoir sauté le pas de l’entrepreneuriat, c’est une aventure géniale !

Pour moi, les risques étaient mesurés, il n’y a pas eu de crainte véritable de se lancer. Ce n’est cependant pas un long fleuve tranquille, c’est une aventure exigeante, qui réclame une attention de tous les instants, mais c’est important d’avoir confiance en soi et un bon stock d’énergie pour avancer ! Il y a toujours un fil à tirer pour aller plus loin.

Malgré les moments plus difficiles, comme dans toutes les entreprises, je trouve qu’entreprendre est génial. Un peu comme les enfants : c’est épuisant mais génial !

Ce n’est pas évident de quitter une position confortable pour se lancer dans l’inconnu. Les trois premiers mois qui ont suivi mon départ de la Société Générale ont été une phase assez vertigineuse. C’était le moment où je n’avais pas encore d’idée précise d’entreprise, cette situation “d’attente” était la plus compliquée. Depuis que nous avons eu l’idée d’Epsor, la machine est lancée et elle ne s’arrête plus !

 

Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?

Sans être très original, la première chose est d’oser ! Beaucoup ont envie de ce type d’aventure mais se disent que les risques sont trop importants. Il faut oser, avoir confiance en ses forces. Personne n’est parfait, il y aura des erreurs en cours de route, le tout est de commencer.

Il faut aussi avoir une vision pour soi-même, être capable de se projeter. Par le passé, j’ai eu un coach qui m’a fait réfléchir à mes fiertés sur les dix dernières années. En faisant l’exercice, je me suis rendu compte qu’il y en avait assez peu. Ce qui me rendait le plus fier remontait à mes années d’étude : construire une équipe, l’emmener vers une vision commune. C’est ce qui me porte et me motive fondamentalement.

Je me suis dit que si à 40 ans, je me retournais et que j’avais encore le même ressenti sur les cinq dernières années, j’aurais loupé quelque chose. C’est pour cela que j’ai radicalement changé de vie !

Il faut se projeter, se demander ce qu’on pourrait regretter si on continue dans la direction qu’on a prise. Suis-je là par choix ou non ? Le but n’est pas de se culpabiliser si ce n’est pas le cas, mais plutôt de s’en rendre compte et de faire évoluer son chemin.

Je crois vraiment qu’on ne regrette jamais de s’être trompé. En revanche, on regrette toujours de ne pas avoir essayé !