Le baromètre du numérique en France a sorti sa nouvelle cuvée, toujours riche en enseignements dans les portraits et les tendances d’usages de la société. Si la crise sanitaire fait progresser de 10 points le raccordement des foyers au très haut débit, on voit encore des lignes de fracture dans la population et ses attentes. Je partage trois de mes étonnements.
Quel est l’âge pour son premier smartphone ?
C’est la question de tout « nouveau » parent en fin d’école, début de collège. Entre les gouters d’anniversaire, réunion avec les parents, chacun grapille des informations. Tout parent veut savoir jusqu’à quand dire non à ses enfants qui le réclament !
Il existe bien sûr des déclencheurs objectifs : l’enfant se rend seul à l’école, puis au collège, loin du domicile par exemple.
Alors, merci au rapport qui donne ces éléments utiles pour tout parent :
60% des enfants de moins de 13 ans ont un smartphone ! Le pic est à 12 ans, âge souvent de l’entrée au collège. Le smartphone est donc devenu un équipement rituel pour les années collège : six élèves sur dix sont équipés en classe de 6ème. A partir du lycée (15 ou 16 ans), on arrive donc à plus de 8 élèves sur dix. Tout professeur doit donc dorénavant composer avec une classe d’élèves équipés.
« Si tu n’as pas ton premier smartphone à 12 ans, tu as raté ta vie »
[Citation inspirée d’une phrase devenue « célèbre » sur l’équipement horloger à l’origine]
Pour mesurer l’évolution, entre 1996 et 1999 (la fin du siècle précédent, voire millénaire pour le digital…) : c’était 28% des moins de 12 ans qui étaient déjà équipés de téléphone mobile.
Autre observation : les filles sont équipées plus tôt que les garçons. Elles sont 41% à avoir eu leur smartphone à 12 ans, et les garçons sont 30%. Cela rejoint notre article de 2019 qui visait à tordre le coup à l’idée reçue que le numérique est réservé aux hommes, surtout pour les métiers.

Contre ce biais de perception : les garçons n’ont pas le monopole sur le numérique
Même si on l’utilise plus, le numérique reste perçu comme dangereux
Sujet d’étonnement sans cesse renouvelée pendant nos missions : la dangerosité des ondes, qui à chaque génération technologique ressurgit. La 4G, la 5G, le Wifi etc. sont autant de nuisances dangereuses pour la santé.
A titre personnel, je reste très étonné des résultats du Credoc sur ce graphique.
Ce qui m’étonne est finalement le décalage observable entre le taux d’adoption et le scepticisme affiché dans les réponses à cette question ; comme si une majorité de répondants assumait d’utiliser des produits à risque.
Cela rappelle que tout projet de transformation numérique se fait dans un contexte où plus d’une personne sur deux estime les équipements « plutôt pas sûrs ».
Dans les enquête de dangerosité, les produits technologiques sont toutefois classés devant les plats préparés, les insecticides et les nanomatériaux…
Numérique et développement durable : « c’est pas gagné »
Le sujet de notre empreinte carbone, de l’influence humaine sur le climat, est un sujet sérieux. Cependant, comme un enfant, je suis toujours étonné sur l’écart entre le(s) discours et la réalité.
Les utilisateurs de ces merveilles technologiques que sont les smartphone en connaissent la fragilité. D’autres peuvent l’associer à un accessoire de mode ou encore à un bijou d’intelligence (artificielle). Autant de raisons qui peuvent pousser à renouveler cet équipement.
Selon le rapport, 17% des répondants ont un smartphone d’occasion ou reconditionné. 63% des possesseurs de smartphone ont des équipement de moins de deux ans. Et 84% sont équipés avec des produits de moins de 3 ans.
Ce sont les plus jeunes (12 à 17 ans) qui ont un smartphone de seconde main. Rigueur familiale budgétaire imposée par les parents ? On peut mettre en regard de cet engouement pour la seconde main de la part des adolescents (et de leurs parents), les tranches d’âge suivante : les 18-24 ans et les 25-39 ans sont les plus nombreux à avoir des smartphones de moins d’un an. Pour un autre signal faible sur l’engagement personnel pour la planète des plus jeunes, on peut aussi consulter le nombre d’inscrits à la spécialité Ecologie au baccalauréat.
Par ailleurs, la durée de détention personnelle de l’équipement est à un cheveu près la même pour un produit neuf ou d’occasion : c’est donc bien le circuit d’approvisionnement et non la consommation qui peut allonger la durée d’utilisation et de vie des smartphones. Chacun veut avoir un produit qu’il estime performant et récent.
Malgré ce besoin d’un équipement fonctionnel, l’étude qualifie un quart des achats de smartphone comme des achats plaisir.
Et vous, qu’observez-vous dans vos usages du numérique et ceux des personnes qui vous entourent ?
Pour les plus motivés et pour les sources de cet article, le lien vers le rapport complet.