En cette sortie de crise sanitaire, nous sommes amenés à repenser nos modes de vie sur plusieurs aspects, en particulier notre mobilité. D’aucuns aspirent à des choix plus durables, plus responsables et envisagent, voire développent de nouvelles mobilités innovantes. Vous ne connaissez pas encore Greenmove ? Il n’est jamais trop tard pour mettre un pied dans le monde de demain…

Rencontre avec Aurélien Tardieu, serial entrepreneur aux multiples facettes et CEO de Greenmove.

 

Aurélien Tardieu, CEO de Greenmove

Greenmove repense nos usages de mobilité : « saisissez l’occasion de passer à l’électrique »

En 2 phrases, Greenmove, c’est quoi ?

Notre objectif, avec Greenmove, c’est de donner au plus grand nombre la possibilité de rouler en voiture électrique et offrir ainsi une alternative écologique et durable au véhicule individuel thermique. Beaucoup de personnes n’ont pas le choix de prendre une voiture pour se rendre au travail ou réaliser leurs activités quotidiennes. Plutôt que de décrier un manque de conscience écologique, nous préférons leur offrir une solution de mobilité plus durable !

 

Logo Greenmove

 

Belle ambition, comment vous y prenez-vous ?

Le principal obstacle dans l’achat d’un véhicule électrique c’est encore, malheureusement, le prix. Afin de rendre les véhicules électriques plus accessibles, il faut donc déverrouiller l’accès à l’occasion, surtout via la location.

Généralement, trois grandes questions se posent et sont des freins à l’appropriation de ce nouveau mode de transport via l’occasion :

  • La technologie : un véhicule de plus de 3 ans n’est-il pas obsolète et répond-il encore à mon besoin dans un contexte d’évolution technologique rapide ?
  • L’autonomie : est-ce que je peux avoir confiance dans la batterie d’un véhicule électrique d’occasion ou vais-je tomber en panne sèche ?
  • L’usage : comment vais-je recharger mon véhicule ?

Sur ces questions il y a un réel travail de pédagogie à réaliser pour rassurer. Notre objectif est donc de proposer le véhicule le plus adapté au besoin du client. Pour exemple et donner des éléments factuels, 90% des déplacements urbains ou interurbains ne dépassent pas les 30 km par jour. Fort de ce constat, nous aidons nos clients à repositionner leur usage.

Ainsi, pour rendre le véhicule électrique accessible, nous actionnons deux leviers :

  • L’occasion plutôt que du neuf, peu rentable au vu de la perte de valeur annuelle du véhicule
  • La location longue durée plutôt que l’achat, avec des mensualités relativement basses

 

Dites-nous en plus sur le modèle économique de Greenmove ?

Nos clients se répartissent de manière quasi équitable en B2B et B2C. Coté B2B, nous sommes positionnés sur les PME et TPE, car ce sont des clients bien souvent mal adressés par les acteurs déjà en place, qui se focalisent plus sur le neuf et pour des entreprises de grandes tailles.

En synthèse, nous proposons trois offres : la vente de voiture d’occasion, la location longue durée (LLD) et la location moyenne durée. Cette dernière offre permet aux hésitants de tester le service sur quelques mois, avec un engagement limité, et de transformer l’essai si le besoin est confirmé à la fin de la période de test.

Les locations longues et moyennes durées représentent 95% de notre chiffre d’affaires. Les incitations gouvernementales sur la prime à la conversion se sont vues confortées début août, après un écoulement rapide des 200 000 modèles initialement éligibles à cette mesure. Ce mouvement, avec par ailleurs les aides régionales, nous l’avons clairement ressenti au niveau des demandes que nous avons reçues pour nos services.

De l’autre côté de la chaîne de valeur, nous avons une politique de sourcing très rigoureuse pour garantir de travailler avec des partenaires qui répondent au même niveau d’exigence que le nôtre. Ainsi, on certifie la qualité de la batterie sur toute notre flotte de véhicules, ce qui est notre critère principal.

Nous essayons aussi d’être en flux tendu et limiter nos stocks (pouvant atteindre jusqu’à 45 jours chez les acteurs traditionnels) qui nécessitent un fonds de roulement important tant que le véhicule n’est pas loué. Sur ce point, le marché de l’occasion a l’avantage d’avoir des délais de livraison plus courts que le neuf : quelques semaines contre plusieurs mois.

Enfin, nous offrons aussi tous les services annexes à l’utilisation du véhicule électrique : points de contrôle, installation de recharge domestique, contrat vert en partenariat avec Engie, accompagnement au quotidien dans la maîtrise du véhicule, etc. Nous souhaitons apporter un accompagnement complet, de bout en bout, car nous savons que la prise en main d’un véhicule électrique pose beaucoup de questionnements chez les usagers.

Point de contrôle réalisé par un technicien Greenmove

Comment est né Greenmove ?

Cette idée de créer un acteur spécialisé sur l’électrique a émergé au sein de Wefound, Corporate Startup Studio, co-fondateur de startups sur les enjeux stratégiques des grands groupes.

Le constat est le suivant : les grands groupes ont beaucoup d’atouts et surtout besoin de construire l’avenir pour être pérennes. Et pour ce faire, nous sommes convaincus qu’ils doivent investir et co-fonder des startups, pour avoir la liberté de monter des projets, capitaliser sur l’existant sans être étouffés par la structure. Les actionnaires de Wefound sont les grands groupes, avec qui nous travaillons sur un mode collaboratif et de co-développement de l’activité à long terme. Cela permet de faire tomber les craintes (légales, RH…etc.) et les barrières mutuelles entre grands groupes et startups. La vocation de Wefound est de construire le bon vecteur d’innovation pour les grands groupes.

C’est ce qu’on a fait avec Engie, et qui a abouti à la naissance de Greenmove. J’ai rejoint Wefound en tant que COO en 2018, pour travailler sur les problématiques de la mobilité électrique et, chemin faisant, je porte désormais aussi la 2ème casquette de CEO de Greenmove.

 

Concrètement, comment fonctionne le startup studio ?

Nous menons un cycle complet en trois phases.

Pour commencer, l’idéation : une revue stratégique réalisée régulièrement pour identifier les grands concepts sur les problématiques stratégiques. On en ressort avec une liste de projets à lancer, souvent sous forme de grappes de sujets connexes.

Ensuite, la phase de test, pendant une période de 2 à 8 mois ; expérimentations auprès des clients potentiels, à petite et grande échelle, études de faisabilité technique pour répondre à la question : le business model est-il viable pour une startup aujourd’hui ? Nous cherchons à identifier si le marché est mûr, les acteurs déjà en place, le ROI accessible…etc. Si les conditions ne sont pas réunies, nous arrêtons le projet.

Enfin, la phase de réalisation : si les tests sont positifs, on crée la société avec une équipe dédiée où Wefound a le statut de co-fondateur. Nous gérons l’aspect financier tandis que l’équipe se consacre exclusivement au projet ; ce qui crée beaucoup de confort pour l’équipe. Nous accompagnons sur la durée la startup jusqu’à son envol et même au-delà !

 

Aujourd’hui, quel bilan faites-vous de l’aventure Greenmove ?

La société a été créée fin 2018 et nous avons eu nos premières opérations commerciales en avril 2019. Cette dernière année fut une année d’expérimentation, où nous avons testé et affiné nos processus ; en amont avec le business développement de LLD et en aval sur le reconditionnement des voitures. Nous avons aussi travaillé sur les outils et les mécanismes d’acquisition de nouveaux clients (sites d’annonces, réseaux sociaux…etc.) ; par exemple, nous venons de lancer avec ENGIE une offre mix de LLD d’occasion et solutions de recharges, ce qui crée un nouveau canal d’acquisition.

Nous avons beaucoup appris et sommes prêts à mettre le pied sur l’accélérateur ! C’est pourquoi nous réalisons actuellement une levée de fonds pour soutenir ce développement.

 

 

Flotte de véhicules électriques Greenmove

Selon vous, qu’est-ce qui va changer suite à la crise sanitaire que nous avons vécue ?

C’est très compliqué de prédire l’avenir ! La situation est complexe et plusieurs éléments sont à prendre en compte. Il y a tout de même un fait, le gouvernement relance les incitations financières pour l’électrique, sur le neuf et l’occasion. Cela devrait renforcer la position de l’électrique vis-à-vis du thermique sur le parc de véhicules. Le marché global automobile a été fortement affecté par la fermeture des points de vente pendant la période du confinement avec moins 50 à moins 80% de vente d’automobile.  Pour autant, le marché de l’électrique a déjà surpassé, sur les 6 premiers mois de l’année, le volume total de ventes de l’année dernière. De plus, les ventes de véhicules électriques sur le marché de l’occasion ont bondi de +153,23 % entre juin 2019 et juin 2020. Ainsi, la place croissante de l’électrique dans les choix de mobilité se confirme en 2020.

Ensuite se pose, selon moi, la question de la concurrence entre le véhicule individuel et les transports en commun. C’est une vraie question, avec des réponses variées et différentes selon la géographie du territoire. La tendance est à la diminution du nombre de voitures dans les grosses agglomérations, mais dans la situation anxiogène qu’on vit actuellement, les personnes se sentant vulnérables vont préférer prendre leur voiture plutôt que des transports en commun trop denses.

Les politiques actuelles des villes comme Paris s’orientent autour d’une ville propre sans voiture thermique, laissant la place à l’électrique. C’est en totale adéquation avec la vocation de Greenmove de s’inscrire dans une logique durable et de valorisation des véhicules électriques. Avec l’occasion, nous donnons une deuxième vie à des véhicules qui auraient été considérés comme obsolètes par ailleurs alors que leur valeur d’usage demeure, ce qui nous permet de lisser l’empreinte énergétique liée à la construction du véhicule (en particulier, la batterie). Nous replaçons le besoin au milieu de débat, le juste besoin, pas plus, pour diminuer les coûts et la consommation énergétique, afin de consommer de manière responsable.