L’inflation est un phénomène économique qui se caractérise par une hausse généralisée des prix des biens et des services sur une période de temps donnée. Lorsqu’elle persiste, l’inflation peut entraîner une perte de pouvoir d’achat pour les consommateurs, une dévaluation de la monnaie et une dégradation des conditions économiques.
Le contexte économique en France et plus généralement en Europe depuis fin 2021 interroge autant les particuliers que les entreprises qui voient leur pouvoir d’achat ou d’investissement en baisse.
En France, trois stratégies majeures sont actuellement déployées pour lutter contre l’inflation :
- Une relève des taux de la politique monétaire Européenne
- Une politique budgétaire axée sur les aides
- Un blocage des prix pour maintenir la consommation des ménages
Lutter contre l’inflation par la politique monétaire
La politique monétaire est un moyen clé pour les gouvernements et les banques centrales de lutter contre l’inflation. Les banques centrales sont responsables de la régulation de l’offre de monnaie en circulation dans l’économie, ainsi que du taux d’intérêt de référence. En augmentant les taux d’intérêts, les banques centrales peuvent limiter la demande de prêts et de crédits, ce qui peut réduire la demande globale de biens et de services et ainsi limiter l’inflation.
En janvier 2023, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, chargée de la politique monétaire en Europe, a déclaré vouloir continuer à relever ses taux d’intérêts afin de contenir l’inflation et la ramener aux alentours des 2%. Depuis juillet la Banque centrale Européenne a déjà relevé ses taux 4 fois, passant le taux de dépôt de -0,5 % à 2 %. La tendance serait davantage à une nouvelle hausse de ses taux fin février ou début mars plutôt qu’à une baisse.
Pour rappel, cette stratégie peut avoir des effets positifs pour contenir l’inflation mais elle peut également avoir des effets négatifs, tels qu’une augmentation des coûts de financement pour les entreprises et les ménages, une baisse de la demande de biens et de services, une baisse des investissements et une baisse de la croissance économique. Cependant, la tendance du marché du travail en Europe (et par conséquent la création de richesse) a de quoi rassurer avec un nombre de chômeurs historiquement bas, 4,9 % selon les derniers chiffres publiés par l’OCDE.
Lutter contre l’inflation par la politique budgétaire
La politique budgétaire peut également être utilisée pour lutter contre l’inflation. Les gouvernements peuvent augmenter les impôts, réduire les dépenses publiques et aider à la consommation pour limiter l’inflation.
Le gouvernement français a fait le choix d’une politique budgétaire visant à limiter la diminution du pouvoir d’achat des français les plus modestes, en se concentrant sur les aides. Selon les chiffres de l’OFCE, la réduction du pouvoir d’achat devrait être comprise entre 1,2 % et 2 % fin 2023 par rapport à la situation de fin 2021. Cela représente une baisse de 120 à 190 euros par unité de consommation et par trimestre.
Sans les aides mises en place par le gouvernement, la baisse du pouvoir d’achat aurait été sur deux ans de 5 % dans le pire des scénarios. Ces dispositifs ont représenté une aide de 790 euros en moyenne l’an dernier par unité de consommation et cela devrait monter à plus de 1.000 euros sur l’année 2023.
Pour la suite de l’année 2023, le gouvernement français a choisi le ciblage des aides. Ce ciblage devra faire l’objet d’une nouvelle stratégie. Le ciblage des aides réalisé par l’Allemagne pourrait être une solution adéquate selon le président de l’OCDE Xavier Ragot. Ce système viserait à compenser en partie la diminution de la consommation des ménages et des entreprises en fonction de leur consommation passée.
Lutter contre l’inflation par le contrôle des prix
Le contrôle des prix est une stratégie qui consiste à limiter les hausses de prix en fixant un plafond sur les prix des biens et des services. Cette stratégie est principalement retenue par le gouvernement français. Différents boucliers tarifaires ont été mis en place depuis l’année 2022 sur les prix de l’énergie mais également sur les produits de consommation des ménages. Cependant, cette stratégie est profondément décriée.
Un ciblage commun
Premièrement le blocage des prix est critiqué du fait qu’il cible tout le monde et non forcément les plus modestes. Selon les calculs de l’Institut Asterès, en supposant un gel des prix de l’énergie et d’un panier de biens courants depuis le 1er janvier 2022, les plus riches auraient bénéficié d’un gain de pouvoir d’achat annuel deux fois supérieur à celui des plus pauvres (821 euros pour les 10 % les plus aisés contre 328 euros pour les 10 % les plus modestes).
Des hausses de pénuries
Deuxièmement, le blocage des prix peut également conduire à des pénuries diverses. En 2020, le gouvernement a été contraint de relever les prix maximaux des gels hydro alcooliques préparés en pharmacie. Bien qu’initialement prévu pour éviter une hausse des tarifs, les pharmaciens les ont jugés trop bas, en raison des coûts excessifs de fourniture en matières premières. D’un autre côté, une forte demande peut conduire à un épuisement des stocks et à des tensions fortes entre les utilisateurs. En novembre 2022, une station de carburant sur cinq était en rupture de stock de carburant juste avant la baisse du rabais à la pompe.
Une baisse de la qualité
Troisièmement, le contrôle des prix peut également amener à une baisse de la qualité des produits et des services sur le marché. Les négociations entre la grande distribution et les industriels sont, en ce moment même, en cours avec de premières décisions attendues pour Mars. Ces négociations ont pour objectif de proposer des paniers dits “anti-inflation” à presque prix coûtant. Le risque d’une telle stratégie repose sur la qualité des produits qui seront proposés aux consommateurs et par conséquent sur la santé de ces derniers.
Pour rappel, un sondage réalisé auprès d’environ 10 000 personnes représentatives de la population révèle que près de la moitié des Français, soit 47 %, aurait un poids excessif par rapport aux recommandations médicales. Parmi eux, environ un sixième des Français (soit 17 %) seraient considérés comme obèses, c’est-à-dire avec un niveau de poids maladif plutôt qu’un simple surpoids.
Les prévisions pour l’année 2023
Concernant les prévisions pour 2023, le Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a rappelé le 20 février dernier un estimation du recul de l’inflation vers le milieu de l’année 2023. Pour rappel, la France reste le pays de l’Union européenne où l’inflation a été la plus maîtrisée”.
Trois scénarios sont ainsi envisagés pour l’inflation entre la fin 2023 et le début de l’année 2024 :
- Une désinflation ordonnée ou “immaculée” avec la baisse de l’inflation de façon progressive, jusqu’au fameux Graal tant attendu des 2 %
- Une inflation incompressible avec la diminution de l’inflation mais bloquée aux alentours des 3 à 4 %, pour se stopper net
- Une inflation en U pour laquelle les prix continueraient d’augmenter fin 2023 et jusqu’en 2024, induits directement par les politiques économiques étrangères ou par des événement géopolitiques majeurs