Rencontre avec Christophe Aubé, fondateur de la société AgreenCulture dont l’ambition est d’accompagner les agriculteurs dans leur démarche de transition écologique.

Interview d’un entrepreneur du smart-farming !

Le pitch : « le dataculteur, votre profit pour l’écologie »

L’objectif est ambitieux, de plus en plus d’agriculteurs souhaitent s’orienter vers l’agro-écologie. Cependant, le machinisme agricole actuel ne leur permet pas d’atteindre cet objectif : contraintes trop fortes, investissement initial trop important. AgreenCulture développe des solutions innovantes autour de l’agro-écologie pour répondre aux enjeux des grandes cultures. Ces solutions s’appuient sur des technologies économiques et écologiques grâce à la robotique. AgreenCulture c’est donc le choix de l’écologie low cost !

Alors concrètement, quelle est cette solution ? AgreenCulture a conçu et développé un système de guidage de haute précision (basée sur des technologies de géo-positionnement) couplée d’un programme d’intelligence artificielle, intégré dans des robots afin de désherber les champs de manière mécanique et ou n’utilisant que le minimum de substance chimique. L’intelligence artificielle intégrée au robot permet aux agriculteurs d’aller plus loin encore dans l’analyse de leur environnement en leur fournissant des données et recommandations sur les actions à réaliser sur leurs champs ; et finalement, d’améliorer la rentabilité de leur exploitation.

Quelle est l’origine du projet AgreenCulture ?

Christophe, fondateur et président d’AgreenCulture, est fils d’agriculteur ; il a baigné dès le plus jeune âge dans les enjeux et les problématiques de l’agriculture. Il se souvient notamment des années qui ont suivi la crise économique de 2008 et des difficultés des agriculteurs, limités dans leur capacité d’investissement alors qu’une réelle conscience écologique se développait dans le milieu agricole.

C’est donc armé de sa formation d’ingénieur aéronautique que Christophe a cherché à apporter une solution à ces problématiques :

  • Comment investir dans des machines de haute précision sans affecter l’équilibre financier de l’exploitation agricole ?
  • Comment réduire la consommation de produits chimiques sans exploser les couts de désherbage ?
  • Comment augmenter l’efficacité des traitements pour se consacrer pleinement à l’activité d’exploitation des champs ?

Il s’est naturellement tourné vers ce qu’il connaissait, la robotique. En 2016, il crée avec deux autres co-fondateurs AgreenCulture. Les trois co-fondateurs, tous issus de l’aéronautique, ont bien conscience de la complexité que représente le milieu de l’agriculture : robustesse et contraintes de l’environnement, exigences de sécurité, besoin de haute performance. Ces contraintes sont similaires à celles qu’ils ont rencontrés dans l’aéronautique ce qui leur a permis de répondre aux mieux aux besoins de la robotique agricole.

AgreenCulture rachète rapidement une société spécialisée en guidage satellite, la technologie GPS se révélant être la solution la plus économique et fiable. Par ce rachat, AgreenCulture intègre totalement les solutions technologiques de GPS, récupère 7 ans de savoir-faire et de R&D et gagne en légitimité et crédibilité auprès des industriels et investisseurs.

L’équipe s’agrandit et intègre des ingénieurs agronomes afin de collecter au plus proche du terrain les besoins des agriculteurs.

Robot Céol

Un business model au plus proche des acteurs historiques du machinisme agricole

AgreenCulture commercialise ses 5 solutions de robotique agricole auprès des agriculteurs directement (environ 15% du chiffre d’affaires) ou des sociétés industrielles pour accompagner la robotisation des machines agricoles. En particulier, AgreenCulture conçoit et développe une gamme de petit robot, performant et abordable financièrement, dont ils maitrisent la production de bout en bout ; ce qui leur permet aussi de réaliser leur R&D, faire des tests, trouver des évolutions et innovations.

AgreenCulture développe une relation de collaboration avec ses clients (par exemple le leader mondial Kuhn); les industriels agricoles ne maitrisant pas les technologies de robotique apportées par les AgreenCulture, il s’agit donc de les accompagner dans la montée en compétences sur les aspects matériels et logiciel de la technologie. A contrario, les industriels apportent leur expertise et connaissances sur le machinisme agricole afin d’élaborer des robots performants répondant au mieux aux besoins des agriculteurs. Ce sont les industriels qui en bout de chaine industrialisent et commercialisent les solutions développées conjointement. En s’appuyant sur la puissance industrielle de ses partenaires AgreenCulture  peut se focaliser sur son cœur de métier, son expertise en robotique et IA, sans avoir à investir fortement dans l’industrialisation et la commercialisation des solutions.

AgreenCulture gagne ainsi des points par rapport à ses concurrents, sociétés de robotiques agricoles comme Vitibot ou Naïo Techonologies, en proposant des solutions environ une fois et demi moins chère. 

Le bilan AgreenCulture : une implantation grandissante et reconnue sur le marché de la robotique agricole

Aujourd’hui, Christophe Aubé résume ainsi l’aventure AgreenCulture : « Il y a trois ans, j’étais seul. Aujourd’hui nous sommes 18 collaborateurs et nous signons tous les 6 mois de nouveaux contrats structurants et pérennes de projets de robotisation. Notre expertise est reconnue auprès du public spécialisé et le milieu agricole s’adresse à nous pour répondre à ses besoins de robotique agricole. »

AgreenCulture fait bouger les lignes, à la fois sur le marché des roboticiens agricoles mais aussi des tractoristes (un robot peut remplacer les tracteurs historiquement utilisés) et le marché de l’industrie phytosanitaire en permettant aux agriculteurs d’exploiter de manière écologique leurs champs en utilisant moins d’intrants et sans impact sur l’emploi ou les couts d’exploitation. L’ambition d’AgreenCulture est cependant de faire de ses éventuels concurrents des partenaires pour enclencher collectivement la transition écologique de l’agriculture. Cela passe par exemple par des contrats de partenariat avec les acteurs historiques pour mettre au point des systèmes de reconnaissance précis afin de réduire l’utilisation de produits chimiques.

En conclusion, trois mots sur votre expérience entrepreneuriale ?

Christophe Aubé nous donne son retour d’expérience sur l’aventure entrepreneuriale :

 « En trois mots :

  • En tant qu’ingénieur, on aime les technologies et les systèmes complexes mais il ne faut pas oublier qu’on développe un produit pour répondre à un besoin client ! Le gros écueil est de vouloir développer un produit basé sur la technologie et non le cas d’usage
  • Votre seul patron c’est votre client : il faut savoir baisser ses exigences car au final ce sera lui le payeur
  • Un partenaire qui ne veut pas payer est un opportuniste qu’il faut vite abandonner ! Un industriel qui investit dès le début dans votre technologie reconnait la valeur de votre produit ; c’est un gage de partenariat réussi. Un partenaire qui vous demande des adaptations sur votre produit sans jamais investir ne sera jamais fiable sur le long terme et cherche seulement à étudier votre technologie »