« Bitcoin, Ethereum, Ripple, Augur… les cryptomonnaies ne manquent pas et la famille s’agrandit : ce mardi 18 juin, Facebook annonçait le lancement de la Libra accessible début 2020. Entre excitation, questionnements et inquiétudes, le nouveau-né de la monnaie numérique fait beaucoup parler de lui.»

La Libra ≋ : quand Facebook se met à la cryptomonnaie

Une cryptomonnaie, qu’est-ce c’est ? « C’est un type de devise numérique. Le terme cryptomonnaie tire son nom de la forme de cryptographie extrêmement sécurisée qui est utilisée pour vérifier les transactions. Les cryptomonnaies reposent sur la technologie blockchain et la valeur de chacune dépend du type de blockchain dont elle dépend. », d’après le site internet Calibra. Donc pas de billet ou de pièce de cryptomonnaie, ni même de banque centrale : c’est un système décentralisé. Le Bitcoin fut la première cryptomonnaie – et la première blockchain – créée en 2009. Aujourd’hui et seulement 10 ans après, il existe près de 1500 cryptomonnaies différentes, les plus importantes étant le Bitcoin et l’Ethereum. 

La Libra : révolution économique ? 

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5 faits sur cette nouvelle cryptomonnaie :

1. La Libra promet un système financier universel via la technologie blockchain et à moindre coût par rapport au système bancaire actuel : qui ne s’est pas déjà fait berner en échangent de la monnaie dans une devise étrangère ?

2. Aujourd’hui 1,7 milliard de personnes sont exclus du système financier (manque de fonds, d’informations, de distributeurs à proximité, frais bancaires trop élevés). L’idée de Zuckerberg est donc d’y remédier : il assure que sa principale motivation est de créer un accès véritablement libre, la seule condition étant d’avoir Internet.

3. Les Libras pourront être gérés via des portefeuilles digitaux sur les applications « Messenger », « WhatsApp » et « Calibra », cette dernière étant complètement dédiée à leurs gestion. Facebook promet rapidité, simplicité, fluidité et sécurité dans le fonctionnement de sa cryptomonnaie.

4. Les scandales récents touchant la vie privée des utilisateurs Facebook posent des questions sur les politiques de confidentialité. Les données concernant les flux financiers des utilisateurs peuvent rapporter très gros ! Toutes les informations financières seraient gérées séparément du réseau social et c’est plutôt un soulagement. Facebook, Inc. n’aura pas accès aux données financières des utilisateurs Libra. L’entreprise de Zuckerberg  sera juste un membre parmi 28 autres dont Uber, Paypal et Spotify. Les partenaires constituent un conseil de gouvernance : Libra Association, faisant office de banque centrale.

5. La volatilité des cryptomonnaies fait obstacle à leur utilisation en tant que moyen d’échange. Elles sont davantage des objets de spéculation. Pour que la Libra devienne une monnaie grand public, elle sera indexée à plusieurs devises relativement stables (euro, dollar, yen…) et à des obligations d’États pour éviter les fluctuations trop importantes.

La dimension vertigineuse de la Libra suscite des inquiétudes

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Peu après l’annonce de la sortie de la Libra, le ministre de l’économie et des finances, M. Bruno Lemaire s’est très vite exprimé et son avis semble mitigé. La Libra ne doit rester qu’un instrument de transaction pour ne pas devenir une monnaie souveraine, d’après le ministre de l’Économie. Il évoque la dangerosité d’un tel contrôle par une entreprise privée dont l’intérêt n’est pas public.

Les questions qui se posent sur ce nouveau moyen de transaction (ou cette nouvelle monnaie ?) sont nombreuses. Les Banques Centrales pourraient-elles perdre le contrôle sur les politiques monétaires ? Les politiciens pourraient-ils devenir inutiles ? Quelles seraient les conséquences macro-économiques sur les pays en voie de développement ? Comment empêcher les transactions illégales et  escroqueries ? Les consommateurs seront-ils assurés de toujours pouvoir reconvertir les Libras dans une monnaie locale ?

Enfin, le fait que Calibra soit une filiale de Facebook, indépendante certes, tend à inquiéter l’ensemble des acteurs sur la protection des données financières.

Pouvons-nous parler d’une monnaie souveraine qui concurrencera les monnaies des États ? Face à l’inquiétude croissante de ces derniers, de nouvelles régulations devraient être discutées lors du G7 des finances qui se tiendra à Chantilly à la mi-juillet.