Les températures caniculaires de cet été et les ouragans récents (Florence en Amérique, Mangkhut en Asie) sont les derniers événements en date qui permettent d’attester de la réalisation du dérèglement climatique. Cela donne à nombre d’entre nous l’envie de faire quelque chose, de lutter à son niveau. Consultant en transformation, notamment par le numérique, je me suis demandé en quoi le numérique pouvait contribuer à limiter le réchauffement climatique.
Disclaimer : certains phénomènes que je décris dans les paragraphes suivants peuvent avoir des conséquences malheureuses en matière de cohésion sociale ou d’emploi. Je ne m’attache ici qu’à en présenter les bienfaits environnementaux.

Origine des gaz à effet de serre 

En France, les émissions de CO2 proviennent principalement des transports puis du chauffage des bâtiments. À l’échelle globale, la déforestation liée aux activités humaines (notamment au profit de l’industrie alimentaire) participe également à la hausse des gaz à effet de serre.

Je m’attacherai à montrer comment le numérique peut contribuer à limiter le réchauffement climatique en m’appuyant sur ces trois axes.

Réduire et optimiser les déplacements

Réduire ses déplacements

Commençons par la tarte à la crème :

  • La tenue de réunions à distance, grâce à des outils de vidéoconférence et de diffusion / modification de documents en direct
  • Le télétravail, rendu possible par le développement du SaaS, qui se diffuse progressivement
  • La dématérialisation des démarches administratives qui rend caduque la visite à l’administration locale entre 10h et 16h
  • L’envoi de mails et de sms, agrémentés de photos lorsqu’il s’agit des vacances, limitent les flux de courriers donc de camions transportant du courrier
  • Etc.

Optimiser ses déplacements

Quand ils ne sont pas éliminés, les déplacements peuvent être optimisés par le numérique. Deux exemples :

  • Vous êtes nombreux à avoir utilisé Google Maps ou Waze pour vous guider cet été. D’une part, vous ne vous êtes pas perdus mais vous avez suivi a priori la route la plus efficiente et vous avez évité, autant que faire se peut, les bouchons, gros générateurs de CO2.
  • L’algorithme de la start-up JobiLX permet de repérer, au sein d’une société, des salariés qui ont des postes identiques et propose aux salariés en question d’échanger leurs postes si cela permet de réduire leur temps de trajet. La démarche est efficace dans des entreprises organisées en réseau comme la grande distribution.

Réduire la consommation énergétique des bâtiments

L’isolation des bâtiments doit permettre d’en limiter la consommation énergétique. Les réglementations thermiques successives (RT 2012, RBR 2020, …) imposent aux promoteurs d’optimiser l’isolation des logements.

Pour les aider, plusieurs outils sont disponibles, par exemple des simulateurs thermo-aérauliques et d’ensoleillement qui permettent de tenir compte des vents et du soleil lors de la conception d’un bâtiment pour en optimiser l’architecture et limiter sa consommation énergétique.

Par ailleurs, le développement du BIM (voir aussi : le BIM) doit permettre à terme de faciliter les échanges d’information entre les différentes parties prenantes de construction et d’entretien d’un bâtiment.

Ce partage d’information permettra de réduire les coûts de construction et d’entretien des bâtiments, une façon pour les promoteurs d’absorber les hausses de coûts liées à l’isolation des bâtiments afin de proposer des prix au m2 attractifs à leurs clients.

Limiter la déforestation et maximiser les espaces verts

Si la déforestation est liée en grande partie aux besoins d’espace de l’industrie alimentaire, alors un bon moyen de limiter la déforestation est de limiter les besoins. Pourquoi ne pas s’appuyer sur les immenses quantités de données de la grande distribution pour optimiser leurs approvisionnements avec de l’intelligence artificielle ? Les tonnes de denrées gaspillées chaque année (pour celles qui ne sont pas données à des associations caritatives) pourraient ainsi être réduites.

Photo d'arbres au sol

À plus long terme, l’avénement des transports autonomes en centre ville et le bannissement concomitant des véhicules « non autonomes » permettra de gagner d’importantes surfaces occupées notamment aujourd’hui par les parkings (car le nombre de véhicules va diminuer). Cette redistribution des espaces est l’occasion de réintroduire la nature au coeur des villes pour non seulement rééquilibrer leur bilan carbone mais aussi limiter l’effet « îlot de chaleur » en été (si vous étiez à Paris en juillet, cela devrait vous parler).

Quid de la consommation énergétique du numérique ?

Tous ces datacenters et autres centres de calcul consomment de l’énergie. C’est vrai. Plusieurs solutions existent déjà pour limiter l’impact environnemental du monde numérique. J’en retiens deux à titre d’exemple.

  • Utiliser directement la chaleur émise par les serveurs pour alimenter un bâtiment en énergie. C’est ce que fait Qarnot computing avec ses radiateurs numériques mais aussi Free qui chauffe 150 logements de Paris Habitat grâce à la chaleur dégagée par ses serveurs informatiques situés en sous-sol.
  • Seconde option, limiter l’impact environnemental des serveurs en les immergeant. Microsoft a tenté l’expérience avec son projet Natick. Il fait ainsi d’une pierre, deux coups :
    • Les serveurs, habituellement refroidis par de puissantes climatisations, utilisent l’eau de mer des fonds marins pour maintenir leur température
    • L’énergie nécessaire pour faire fonctionner ces datacenters peut, elle, être produite par des hydroliennes ou des éoliennes off-shore