Début septembre, mon amie Manon me parlait de son nouveau projet entrepreneurial avec tellement d’engouement et de passion que, conquise par la démarche, je me suis retrouvée quelques jours plus tard à participer au Smmmile Festival à la Villette. Non pas pour me balader parmi les stands colorés venus de tout horizon mais bien de l’autre côté de la scène, en coulisses même, pour aider Manon à faire la promotion de sa boutique en ligne Meanwhile.
Aujourd’hui je vous propose donc de rencontrer Manon Fargelat, fondatrice de Meanwhile Boutique, qui nous embarque dans la consommation responsable de marques engagées.
Meanwhile, la market place qui promeut la consommation responsable
Manon, peux-tu pitcher le projet Meanwhile ?
La mission principale de Meanwhile est de promouvoir des créateurs engagés et éco-responsables. « Meanwhile » veut dire « pendant ce temps » : les gros industriels produisent en masse et polluent la planète. « Pendant ce temps », une nouvelle vague d’entrepreneurs et créateurs a décidé de produire autrement, des solutions plus responsables et respectueuses de l’environnement. C’est un temps de la transition (écologique) vers un meilleur mode de vie pour notre santé, l’environnement et les générations futures.
Meanwhile est un collectif de créateurs éco-responsables et une boutique en ligne (marketplace) proposant des articles du quotidien de marques engagées. Meanwhile offre des alternatives éthiques, écologiques et durables, toujours avec style, dans l’univers de la mode, des accessoires, de la déco et du bien-être.

La promesse de valeur de Meanwhile Boutique
Quelles ont été les origines du projet Meanwhile ?
Je suis une ancienne acheteuse compulsive. J’ai changé mon mode de vie et mes habitudes de consommation il y a quelques années et je me suis rendue compte que je n’avais pas besoin d’autant de choses. D’un autre côté, j’ai toujours aimé chiner dans les marchés, brocantes, aller à la rencontre des artisans, qui selon moi sont bien trop souvent dans l’ombre des grandes marques industrielles.
En parallèle de mon travail, je me suis donc engagée dans une association de promotion des créateurs et de l’artisanat. Ce fut un premier pas vers une démarche éco-responsable.
Enfin, le constat était bien réel et partagé : une étude Ademe (2019) montre que 80% des français ont changé leurs habitudes pour réduire l’impact de leur consommation. Je me suis donc lancée dans l’aventure Meanwhile depuis le début de l’année, à plein temps, pour donner au plus grand nombre la possibilité de consommer de manière responsable auprès de créateurs engagés.

Home page du site Meanwhile Boutique
Quel est ton parcours ?
J’ai suivi un cursus en écoles de commerce, communication et publicité ; j’ai obtenu un Bachelor Advertising, Marketing and Communication puis un Master Marketing et Management des industries de luxe. J’ai d’abord travaillé dans de nombreux secteurs (événementiel, luxe, mode, cinéma…) puis en agence de publicité, en passant dans le tourisme aux US et en Australie, et même dans le vin et l’œnologie pour rechercher un vignoble à Saint-Emilion pour un particulier.
Créer Meanwhile était donc pour moi un projet de vie car cela m’a permis d’allier mes compétences en communication, marketing digital et relations publiques avec mes passions de consommation responsable et engagée. Je viens du monde du digital, c’était donc une évidence pour moi de concevoir et développer un service de e-commerce ; j’avais déjà eu l’idée il y a quelques années après mon expérience chez Monsieur Marcel (du Slip Français). Ce qui est génial dans le monde digital, c’est que tu peux tester plein de choses plus facilement ; si le e-shop fonctionne bien, tu es quasiment assuré d’avoir une clientèle en physique.

Manon Fargelat, fondatrice de Meanwhile Boutique
Peux-tu nous en dire plus sur les services offerts par Meanwhile ?
Meanwhile vise trois publics distincts : le consommateur, le créateur et le revendeur.
Pour le consommateur, nous offrons une plateforme en ligne avec un large choix de créateurs responsables allant de l’accessoire de mode, au produit cosmétique en passant par les produits de décoration pour la maison. Le consommateur peut chercher les produits qui l’intéressent selon les valeurs auxquelles répond le créateur : upcycling, éco-responsable, sans plastique, impact social, vegan, made in France, etc.
Pour le créateur, nous offrons une marketplace flexible et automatisée, sur laquelle il peut déposer ses produits, ajouter les valeurs de sa marque et son histoire et gérer ses stocks. Nous offrons aussi des services mutualisés pour l’ensemble du collectif car nous savons que les créateurs n’ont souvent ni le temps, ni l’argent pour réaliser ces activités : distribution, promotion (communication, événementiel…), formation, vente. Par exemple, nous avons créé un partenariat avec un attaché de presse, un studio de production (le 1er photoshoot aura lieu en novembre) et avons organisé notre 1er événement avec un stand mutualisé au Smmmile qui a eu lieu en septembre à la Villette.
Enfin pour les revendeurs, nous développons une offre B2B, car nous pensons que pour toucher le plus grand nombre, cela passera par les petits commerçants de proximité. Nous allons donc démarcher les commerces et boutiques propres pour leur proposer notre catalogue et distribuer les produits de nos créateurs. Nous nous positionnons un peu comme des « agents » de créateurs.
Concrètement, comment choisis-tu les créateurs qui intègrent le collectif ?
Nous avons cherché à comprendre quelles étaient les valeurs profondes de la consommation éco-responsable et en sommes donc arrivés à la conclusion que cela s’appuyait sur 5 piliers de valeurs : anti-gaspillage, protection des ressources, impact humain et social, artisanat et certification. Sur cette base nous avons créé une charte de sélection qui se décline en 17 valeurs. Nous sélectionnons donc les créateurs grâce à cette charte sous forme de questionnaire afin de collecter les informations clés comme les lieux de production, le sourcing, les valeurs, la raison d’être, l’histoire de la marque, etc.
Au cours de mes voyages, j’ai rencontré de nombreux artisans et créateurs, ce qui m’a permis de constituer une première liste de potentiels partenaires. Ensuite, j’ai beaucoup démarché sur les petits marchés locaux et les réseaux sociaux. La plupart des rencontres avec les créateurs se font à distance mais à terme j’aimerai pouvoir me rendre directement sur place, rencontrer les créateurs, découvrir les ateliers afin de communiquer sur l’artisanat au plus près du terrain.
La relation avec les créateurs est fondamentalement basée sur la confiance, la transparence et l’engagement ; cela se passe très bien et je suis ravie de la collaboration !
Quel premier bilan fais-tu un an après le début de l’expérience Meanwhile ?
L’idée de Meanwhile a émergé en septembre dernier, le projet a débuté officiellement en février 2020 et le site a été lancé le 1er avril, en plein confinement. Nous avons eu des commandes dès le début, c’était une très belle réussite et marque de confiance.
Désormais, Meanwhile c’est plus de 50 créateurs, 450 produits en vente, et on vise 10 000 visites par jour sur le site web pour l’année prochaine, avec au moins un événement tous les 3 mois et surtout une communauté engagée sur les réseaux sociaux.
Et quelles sont les prochaines étapes pour 2021 ?
Maintenant que le site fonctionne bien en B2C, nous allons le lancer en B2B. Pour 2021, le gros challenge est de développer l’activité B2B en physique, c’est-à-dire auprès des revendeurs. Ceux-ci sont friands de nouveaux produits avec une véritable histoire, des marques engagées. Parfois, ils cherchent à vendre des produits purement locaux, ce qui va nous pousser à développer notre réseau de créateurs et à se diversifier, et ceci partout en France, puis en dehors des frontières.
En janvier, je prévois aussi de m’associer ; travailler seule peut s’avérer compliquée, l’association avec un profil complémentaire au mien sera très bénéfique et porteuse de valeur.
Aussi, fort de la réussite du festival Smmmile, nous prévoyons de développer l’aspect événementiel sur 2021, avec une programmation à un rythme mensuel ou trimestriel. Et nous envisageons aussi d’organiser des événements totalement en ligne, comme un salon des créateurs par exemple (pour les revendeurs).
Nous avons aussi comme ambition d’accélérer l’acquisition clients et de développer notre activité à l’international. Dans une vision à plus long terme, nous pensons développer une boutique physique ou un concept store Meanwhile et mêmes des produits Meanwhile.

Les collections engagées et éco-responsables des créateurs du collectif Meanwhile
Passer du salariat à l’entrepreneuriat n’est pas toujours chose aisée, comment as-tu franchi le cap ? As-tu été accompagnée ?
J’avais déjà expérimenté l’entrepreneuriat avant de lancer Meanwhile ; je n’étais donc pas totalement dans l’inconnu et j’avais déjà connaissance des bases de l’entrepreneuriat. À l’époque, j’avais suivi la formation UDIP avec HEC, pour les femmes entrepreneures.
Pour mon nouveau projet, en février 2020, j’ai participé au bootcamp Goldup (encore une formation pour les femmes entrepreneures) organisé par The Family et orienté sur les startups digitales. J’ai aussi suivi la formation Sprint en ligne, délivrée par Make Sense pour “mieux comprendre mes cibles” dans une démarche d’entrepreneuriat à impact. Enfin, j’ai suivi une formation de deux jours des Canaux appelée Social Starter pour promouvoir les projets à impact social, éco-responsable.
Toutes ces expériences ont été enrichissantes, sur l’aspect technique et compétences mais aussi (et surtout !) cela m’a permis de d’intégrer une communauté forte de femmes (et hommes aussi) entrepreneur(e)s, dans le domaine du digital et à impact. Ces nouvelles rencontres sont extraordinaires ; une réelle solidarité y est développée. Par exemple, j’ai rencontré Céline sur la formation Sprint, nous ne nous sommes jamais vues « in real life » mais nous avons mis en place un rendez-vous en ligne où nous réalisons des Instalive (vidéo en direct sur Instagram) tous les 1ers jeudis du mois pour débattre sur la transition écologique.
Que penses-tu de l’impact de la crise sanitaire actuelle sur le monde de demain ?
On ne peut pas le nier, et les premières études le montrent, le covid aura eu un impact plutôt positif sur le e-commerce ; les modes de consommation ont changé, les clients achètent de plus en plus en ligne. Pour preuve, en plein confinement, nous avons eu des commandes sur Meanwhile sans aucun budget de communication !
Je pense aussi que le covid aura été un accélérateur forcé de la transformation digitale des entreprises ; on l’a vu avec le développement express du télétravail par exemple. C’est une véritable claque ! Selon moi, en 2020, une entreprise qui ne pense pas à l’aspect digital de son activité ou de ses services et produits sera forcément en retard.
Dans notre secteur, le seul frein au digital peut être le fait de ne pas toucher les produits en vrai avant de les acheter. Nous pallions ce problème avec des solutions de retours, simples et rapides, et bien sûr dans des emballages éco-responsables ! Et aussi, avec les stands mutualisés Meanwhile qu’on propose aux créateurs. Les boutiques physiques ne disparaîtront pas mais les boutiques en ligne sont totalement complémentaires.
Pour conclure, quels seraient tes conseils pour de jeunes futurs entrepreneurs ?
Je dirais déjà qu’il n’y a pas d’âge pour entreprendre ! J’ai 30 ans et j’aurai même aimé entreprendre plus tôt encore. Quand on a réellement envie, il faut prendre des risques et oser ; c’est cela qui est excitant !
Ensuite, je dirai qu’il faut anticiper et prévoir : définir le business plan, faire les études et les benchmarks, tester les idées le plus tôt possible… On peut toujours tester ses idées même avec de petits moyens : un MVP (Minimum Viable Product), doit pouvoir se faire en une journée ! De toute façon, il faudra plusieurs itérations sur l’idée de base et toujours plein de version du projet, et c’est normal de ne pas avoir la parfaite version dès le début.
Enfin, je dirai qu’il faut chercher la diversité des avis autour de soi et prendre des conseils des gens meilleurs que soi !
Un grand Merci à Manon, pour cet interview éco-responsable ; si vous souhaitez en savoir plus sur Meanwhile, n’hésitez pas à faire un tour sur le site de la boutique en ligne !