A la suite de la demande des éditeurs de presse français de taxer les moteurs de recherche (qui tirent des revenus de la production des éditeurs), Google, dans un courrier au ministère de la Culture et de la Communication, a indirectement menacé de ne plus référencer les journaux français. Une intimidation peu appréciée par la Ministre, Aurélie Filipetti.

 

Pierre Fontaine nous explique sur 01net les fondements économiques du combat qui s’annonce.

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L’exemple allemand

Les éditeurs français ont demandé en septembre au gouvernement un projet de loi pour que les moteurs de recherche les rétribuent via le versement de droits voisins, une sorte de prolongation des droits d’auteur, en cas d’utilisation indirecte de leurs contenus. Le gouvernement allemand a adopté fin août un projet de loi similaire qui vise à protéger la propriété intellectuelle des éditeurs de presse sur internet, en obligeant les moteurs de recherche à leur reverser des commissions, à la satisfaction des éditeurs allemands.
« Nous pensons qu’une loi telle que celles proposées en France et en Allemagne serait très dommageable pour internet. Ce n’est pas un secret, cela fait maintenant trois ans que nous le disons publiquement », a indiqué un porte-parole de Google dans un communiqué.

Menace à peine voilée

Jeudi 18 octobre, l’AFP a fait état d’un courrier du géant de l’internet au gouvernement français, dans lequel il menace de ne plus référencer les médias français si un tel projet était adopté en France. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, a déclaré jeudi (…) : « Je suis un peu surprise par le ton de cette correspondance, qui s’apparente à une menace. Ce n’est pas avec des menaces qu’on traite avec un gouvernement démocratiquement élu » (…)

Taxer les OTT

La ministre (…) est favorable à la mise en place de cette taxe. « Aujourd’hui, des sites qui agrègent des contenus comme Google utilisent aussi la notoriété des éditeurs de presse, ainsi que ce qu’ils produisent. Il est donc légitime que les éditeurs de presse s’interrogent sur la manière dont il faut faire participer ceux qui diffusent leur contenu à leur financement », a-t-elle expliqué. « Aujourd’hui, la presse traverse une crise très difficile. Le lectorat part vers d’autres supports, notamment numériques, et pas forcément sur des journaux en ligne mais aussi sur des sites qui agrègent des contenus », a ajouté la ministre.

Au-delà de la question de la presse et de ses revenus, cette affaire montre qu’il va être difficile de faire payer les acteurs dits Over The Top (OTT) qui utilisent les tuyaux et fournissent du contenu, pas forcément généré par eux. Jusqu’à présent, n’ayant pas mis la main à la poche (…) pour payer la mise en place des réseaux, et n’ayant pas à financer des contenus, ils sont les grands gagnants de la montée en puissance d’Internet. (…)

Le cabinet de la ministre chargée de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, recevra vendredi des représentants de Google France sur ce projet de taxation des moteurs de recherche et les recommandations de la Cnil en matière de confidentialité (…).

Source : http://www.01net.com/editorial/578231/taxe-google-on-ne-traite-avec-un-gouvernement-avec-des-menaces/