Le phénomène des MOOC est dans une phase d’euphorie de l’innovation. Ephémère ou durable, le temps fera son œuvre pour n’en retenir que le meilleur. Toutefois, les développements de ces modèles d’enseignement et d’apprentissage posent dès à présent des questions pour les entreprises et la gestion de leurs ressources humaines. Quelles conséquences pour ce nouveau modèle et questions anticiper ?

Comment valoriser les MOOC dans des recrutements ?

En matière de recrutement, après avoir mis en place une plateforme de dépôt de CV pour automatiser la sélection et la réponse, les entreprises ont également cherché à utiliser les réseaux sociaux pour se différencier et attirer les talents. Toutefois, la France reste attachée aux diplômes, et les DRH restent les gardiennes de la sélection primaire des ressources à faire rencontrer aux métiers.

  • Quel crédit accorder aux candidats qui indiquent avoir suivi un MOOC, souvent spécialisé et parfois décalé par rapport à leur parcours initial ?
  • Quelle est la cohérence de ces parcours émaillés de MOOC qui ne rentrent pas dans les schémas d’évaluation établis ?
  • Faut-il le mettre au même niveau que les « centres d’intérêts » du type pratique du vélo ou membre du bureau de l’association des anciens de l’Ecole X ? Ou en déduire, à l’image d’un diplôme reconnu, une plus forte employabilité du candidat ?
  • Quelle pérennité pour ce phénomène et comment surveiller les cours proposés qui peuvent évoluer : quand faut-il inclure un MOOC de manière plus industrielle dans leurs grilles de recrutement et de salaire ?

Comment inclure les MOOC dans le développement des talents ou la formation des collaborateurs ?

Notre enquête récente sur la gestion de carrière auprès d’un réseau de grandes écoles en France rappelle que les choix de formation continue se font selon trois tiers : un premier dirigé par l’employeur, un second concerté entre l’employeur et son salarié, et un troisième à l’initiative du salarié. Cette répartition est-elle appelée à évoluer vers encore plus de personnalisation des choix de formation ?

Par ailleurs, la formation professionnelle des salariés est un monde très règlementé doté de ses circuits de financement. Si le DIF a déjà permis au salarié d’identifier et de proposer des sessions à son employeur pour pouvoir convenir de la pertinence et du financement du module, il est resté sur un périmètre national.

En effet, si, en tant que cadre dans un grand groupe, je souhaite prendre des cours de théâtre pour améliorer ma prise de parole en public, je pourrai convenir avec mon employeur d’acheter un module auprès d’un organisme proposant un module éligible. Si demain, toujours cadre, je veux suivre le MOOC de la chaire Edgar Morin de l’Essec sur la complexité, est-ce éligible au DIF ? Et si j’identifie un cours proposé par un Mooc de Harvard ou du MIT ?

Certes les sessions de MOOC sont « Open » donc gratuites dans de nombreux cas. Il n’y aura pas de charge externe : mais dans une entreprise, il faut aussi savoir dans quelle case « pointer le temps » consacré à ces sessions, et c’est la reconnaissance de ce coût interne qui donnera de la valeur à cet effort auprès de tous. Quelle autorisation pourrais-je avoir de la part de mon chef ou des RH pour pointer le temps passé sur un Mooc ?

Quel rôle pour l’employeur face à une personnalisation accrue des parcours et l’accès immédiat aux formations en « self-care » ?

Quelle place pour le catalogue des modules de formation professionnelle ? Quel rythme d’actualisation ? Et plus fondamentalement, à quoi servira un catalogue si l’on se place en rupture ? Soit on reste dans une logique descendante où seul le catalogue ouvre droit à la formation dans l’entreprise (imaginez l’attractivité de tels modèles pour la fameuse génération Y…), soit on se retrouve à courir après l’information donnée par les moteurs. Certaines entreprises ont créé des groupes de testeurs internes de MOOC pertinents pour leur activité pour donner une couche de valeur ajoutée à l’ensemble des collaborateurs : un retour d’expérience de ses pairs du monde proche.

Mais cela reste les prémices d’un nouveau modèle d’accompagnement au développement des talents face à l’émergence d’une rupture du monde de la formation et de l’enseignement.