Morio lutte contre le vol de vélos et participe à la mobilité durable
Aujourd’hui j’ai le plaisir de partager avec vous le projet d’un ancien camarade de promo, retrouvé au hasard de mes pérégrinations sur LinkedIn. Au-delà de la sympathique retrouvaille et discussion que j’ai eu avec Adrien Rambaud, co-fondateur de Morio, c’est un beau projet visant à développer l’usage du vélo grâce à la sécurisation des flottes et ainsi favoriser la mobilité durable que je vous invite à découvrir.

Les deux co-fondateurs de Morio, Adrien Rambaud et Jean Venet
Peux-tu pitcher Morio ?
Morio offre une solution complète de sécurisation des flottes de vélos. Cela se traduit par la mise à disposition d’une plateforme web comprenant plusieurs services tels que la géolocalisation des vélos, l’alerte en cas de mouvement ou vol, grâce à un traceur intégré au vélo qui remonte sa position en temps réel. Nous proposons aussi un service complémentaire d’assurance : soit le vélo est retrouvé soit il est remboursé.
Nous sommes sur un positionnement B2B ; notre service est fourni aux gérants de flottes de vélos, que ce soient des entreprises, des collectivités locales, des logisticiens (livraisons repas ou colis tel que Deliveroo) et des acteurs du tourisme (loueurs de vélos, hôtels, etc.).
Quelle est l’origine du projet ?
L’idée est venue d’un problème malheureusement devenu classique de vols de vélo. Et j’en ai subi plusieurs des vols ! Le projet est né de la rencontre avec mon associé Jean, qui gérait à l’époque un magasin de vélo. Notre objectif initial était de fabriquer le traceur pour géolocaliser les vélos. Ce type de produit n’existait pas il y a 5 ans quand on s’est lancé ; nous avons conçu et développé notre propre traceur. Cela nous a pris 2 ans pour en arriver à la mise sur le marché. Puis nous avons testé le marché.
Notre premier client a été un gérant de Domino’s Pizza. Puis nous avons eu à équiper et gérer des flottes plus importantes comme celle des vélos de la mairie de Besançon (jusqu’à 500 vélos !).
Dis-nous en plus sur le service Morio ?
D’une part, il y a la recherche du vélo volé. Le traceur fonctionne en temps réel, et dans la plupart des cas, notre client retrouve lui-même son vélo : s’il réagit rapidement à l’alerte, il le retrouve vite car les voleurs ont tendance à abandonner le vélo pas loin du lieu de vol (ce sont des vols à l’opportunité d’un unique vélo pour être revendu au marché noir). Cela arrive parfois aussi de faire appel à la police, mais le délai de dépôt de plainte prend plus de temps. L’objectif est d’avoir un service réactif, nous travaillons à structurer davantage ce service.
Quant au service d’assurance, nous avons monté un partenariat avec Allianz ce qui nous permet de revendre des assurances en option à nos clients ; ce service est pertinent, car dans le monde professionnel, l’assurance est devenue un réflexe (contrairement aux particuliers).

Illustration de la plateforme web Morio
Quel bilan fais-tu en cette fin d’année 2021 ?
La société a désormais 5 ans et après nos débuts à Lyon, nous sommes maintenant installés depuis 4 ans à Toulouse. L’équipe a bien grossi, passant de deux à sept personnes. En parallèle, on a étoffé notre offre en passant de l’installation du capteur aux services (par exemple, l’offre « assurance » est proposée depuis 2 ans). Nous nous orientons et focalisons de plus en plus sur l’approche servicielle, là où nous pouvons avoir de la valeur. Le marché des traceurs s’est développé et propose désormais des produits très performants ce qui nous permet d’envisager une externalisation de cette production et concentrer nos efforts sur nos services.
En quelques chiffres, Morio c’est 4 000 vélos équipés de traceur, un taux de retrouvaille de 75% et une société rentable depuis 2020. Nous sommes positionnés sur quasiment l’ensemble du territoire français : Vannes, Roanne, Lille, Marseille, Besançon, le Pays Basque, etc.
Quelles sont les ambitions pour 2022 ?
Nous poursuivons deux principaux objectifs pour l’année prochaine : d’une part, un développement à l’international (surtout en Europe) et d’autre part une bascule servicielle réussie. Nous visons de devenir un acteur de référence sur la lutte contre le vol de vélo et non plus simplement un fabricant de traceur.
En ce moment, le marché est plutôt calme du fait de la pénurie des matériaux que subissent de nombreux secteurs. Dans le secteur de la mobilité et du vélo en particulier, ce sont beaucoup de composants mécaniques qui sont impactés : boitiers, freins, suspensions, roues, etc. Mais nous percevons déjà le rebond économique : on observe un boom du vélo cargo pour offrir des solutions plus écologiques de livraison au dernier kilomètre chez les acteurs de la logistique. Les villes veulent du transport « propre ». Pour l’instant c’est une niche mais qui va s’intensifier avec des gros transporteurs comme Amazon ou UPS.
En parlant de transport durable, avez-vous fait le bilan carbone de Morio ?
Nous n’avons pas encore réalisé le bilan carbone de l’impact de notre service pour nos clients mais nous réalisons des bilans sur les flottes de vélos de nos clients. Ainsi, nous réalisons des reporting pour nos clients sur les gains en économie de CO2 ; par exemple, une flotte de 400 vélos apporte une économie de 57 tonnes de CO2 sur l’année.
Un mot pour conclure sur l’entrepreneuriat ?
C’est dur et il ne faut pas lâcher, il faut de la résilience. Monter une boite c’est un peu comme faire un ultra trail : on ne sait pas dans quoi on se lance mais avec du courage on y arrive !
On a vécu des moments difficiles : au début, avec la fabrication du traceur et toute la gestion des hardwares. Nous n’avions pas assez de trésorerie pour assurer nos développements ; on a souhaité tout faire construire en France, ça n’a forcément pas le même prix que si on avait délocalisé.
Puis il y a les moments de doute au démarrage : est-ce que le marché est pertinent ? Aurons-nous des clients ? Et les doutes évoluent au fur et à mesure du projet. Mais il faut aussi voir le coté positif de l’entrepreneuriat : il y a aussi des avantages comme la liberté d’action, l’épanouissement personnel etc. Et dans le fond, le projet vaut le coup ! Car le combat au quotidien c’est quand même d’inciter le plus de personnes à se déplacer en vélo et faire disparaitre les voitures des villes. On a vraiment l’impression de mettre notre pierre à l’édifice écologique.