Noil, la solution pour passer au deux-roues électrique et accélérer la transition vers une mobilité urbaine durable

Pour cette interview entrepreneur de la rentrée je vous propose de découvrir Noil, une jeune startup fondée par trois amis d’enfance dont l’ambition est de transformer les deux-roues thermiques et polluants en véhicules électriques.

Voici ce qu’il faut retenir de mon échange avec Victor Breban, un des cofondateurs de Noil.

Peux-tu pitcher Noil ?

Noil est la première solution pour convertir les deux et trois-roues thermiques en électrique et ainsi accélérer la transition énergétique de la ville et des zones urbaines. Nous prenons le parti pris de capitaliser sur le parc existant plutôt que de construire un nouveau parc tout électrique et qui impliquerait de mettre à la casse les véhicules thermiques. Ainsi, nous donnons une deuxième vie à ces véhicules et évitons le gaspillage : c’est de l’économie circulaire appliquée au secteur du véhicule.

Atelier Noil

Atelier de retrofit de Noil

Quelles sont les origines du projet ?

Il s’agit de l’aventure entrepreneuriale de trois amis d’enfance : nous étions tous les trois animés de la volonté d’entreprendre et grands utilisateurs de deux roues !

Nous habitons en ville et avons vite perçu les contraintes liées à l’utilisation de nos propres véhicules. Nos vieux véhicules avaient beaucoup de problèmes techniques, et on n’arrivait pas à les vendre. On a donc voulu leur donner une seconde vie. C’est de là qu’est parti le projet : Noil a été créé en mai 2019.

Aujourd’hui, nous pouvons voir que l’histoire nous a donné raison : la réglementation s’est durcie avec la vignette Crit’Air et dans Paris le stationnement sur la voie publique des deux-roues thermiques sera soumis à redevance là où les deux-roues électriques seront exonérés.

Equipe Noil

Les trois co-fondateurs de Noil

Comment êtes-vous passé de 0 à 1 ?

Nous avons construit le premier prototype sur mon véhicule. Raphael, notre CTO, avait la compétence technique grâce à son expérience professionnelle dans les grosses entreprises. Clément, acheteur industriel de formation, a travaillé à la structuration de la société et au business plan. Et pour ma part, de formation juridique, j’ai pris en charge les partenariats et la relation client.

Nous avons réalisé trois types de partenariats. D’une part, des partenariats auprès des assureurs car les problématiques d’assurance sont au cœur de la stratégie de rétrofit. En mai 2019, il n’existait pas de cadre réglementaire sur le rétrofit en France. Nous avons donc fait du lobbying pour obtenir un texte qui encadrait notre activité ; nous l’avons obtenu en mars 2020. Ainsi, l’électrification d’un véhicule thermique est désormais encadrée par la loi. Nous avons été les premiers à obtenir l’homologation sur notre kit d’électrification de véhicule. Ceci nous a permis de rassurer les assureurs, c’était une première grande étape.

Ensuite, il y a les installateurs partenaires qui réalisent la conversion du système thermique au système électrique. Ce sont des garagistes spécialistes des deux-roues. Nous les formons à l’électrique et à notre méthode de rétrofit. Cela leur permet de diversifier leur activité et de leur rapporter un revenu direct via nos demandes d’intervention et un revenu indirect avec les nouveaux clients propriétaires de véhicules électriques. Cette collaboration permet de réintégrer pleinement les garagistes dans la transition écologique qui étaient laissés sur le bas-côté ; en effet, les véhicules électriques demandant moins d’entretien, ces interventions sont moins attractives économiquement. Avec Noil, les garagistes montent en compétence sur l’électrique et au fur et à mesure que le parc existant se transforme il se tourne vers l’électrique. Nous sommes fiers d’avoir 20 partenaires en France ainsi que le réseau Feu vert.

Enfin, le dernier type de partenariat concerne les acteurs de l’écosystème du véhicule électrique avec qui nous réalisons des actions de communication pour se faire mutuellement connaître.

Comment est perçu le projet par les usagers ?

Le projet est bien reçu, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord d’un point de vue économique ; l’assurance d’un véhicule électrifié coute autant voire moins que celle d’un véhicule thermique. Pour l’intervention d’électrification, cela varie selon la gamme du véhicule entre 1000 et 1500 euros mais avec les aides de l’Etat cela revient bien moins cher que d’acheter un véhicule neuf. Finalement, tout compte fait, l’utilisateur y trouve son compte.

Et surtout, il conserve un véhicule qui lui plait sur les aspects esthétiques et confort. Il existe peu de scooters intéressants sur le marché de l’électrique : l’offre est restreinte et souvent de faible qualité.

Comment vous êtes-vous fait connaitre auprès de votre public cible ?

Nous avons réussi à développer un bon référencement sur internet et une animation des réseaux sociaux ce qui nous permet d’avoir de la visibilité : notre newsletter comprend plus de 6000 personnes. Les utilisateurs de deux-roues viennent donc à nous facilement quand ils entrent dans la démarche de vouloir électrifier leur scooter.

Nous avons aussi investi beaucoup de temps à faire un travail de pédagogie sur le retrofit pour faire connaitre ce concept. Nous avons eu beaucoup de visibilité presse : JT de 20h sur TF1, M6 et BFM.

Enfin, un de nos canaux d’acquisition est notre réseau de partenaires installateurs qui sont directement en contact avec les clients.

Quel bilan faites-vous ? Et quelles sont les prochaines étapes ?

Tout commence vraiment avec l’homologation : nous avons eu la première certification en avril 2021 sur le Solex, puis la 2ème sur le Peugeot 103 et en septembre sur la Vespa 50cc.

Aujourd’hui, nous avons 215 pré-commandes pour réserver un kit d’électrification sur le site Noil sans compter les commandes faites directement auprès de notre réseau d’installateurs. Ceci représente une vraie preuve du marché que nous adressons !

Notre équipe s’est bien constituée aussi, et compte désormais une dizaine de personnes. Enfin nous finalisons actuellement une levée de fonds ; cette levée de fonds permettra de financer la R&D sur les batteries, l’homologation des prochains véhicules, des recrutements, etc. 

A moyen terme, nous visons de rester le leader en France de la conversion électriques des deux-roues et de sécuriser notre activité. Cela passera par l’extension de notre gamme de véhicules. À plus ou moins long terme, nous visons le marché européen ; en effet, des pays comme l’Italie, l’Espagne, mais aussi l’Allemagne ou le Royaume-Uni représentent un gros marché potentiel.

L'équipe Noil

L’équipe de Noil

En parlant de bilan, quel est votre bilan carbone ?

On y travaille ! L’ADEME a rendu récemment un dossier assez complet sur le retrofit.

De notre côté, nous mettons en œuvre une démarche respectueuse de l’environnement, en ne produisant pas de véhicules supplémentaires : ce sont 200 kg de CO2 par an économisés pour un scooter électrifié. Aussi, nous nous attachons à réaliser notre sourcing en France ou en Europe ; seuls les éléments électroniques sont produits en Chine.

Nous nous engageons pleinement dans l’économie circulaire : nous retraitons tous les matériaux que nous retirons des véhicules.

Et pour finir, quel bilan personnel fais-tu ?

Le bilan est très positif, c’est sûr ! Noil est avant tout une aventure humaine, plus familiale qu’amicale même.

Parfois, il y a des disputes mais on règle les problèmes comme en famille et cela se passe toujours bien. Avec mes associés, nous sommes très proches et avons une véritable relation de confiance ; nous sommes plutôt sereins et confiants ! Nous avons quand même mis en place un pacte d’actionnaires comme dans toutes les sociétés…

Ce qui fait que ça fonctionne bien c’est que nous essayons de faire la part des choses dans nos relations professionnelles et personnelles. Et surtout nous avons trois expertises différentes et complémentaires ; nous sommes tous les trois très curieux et pensons de manière différente ce qui permet de faire bouger les choses sans se marcher sur les pieds.

On est aussi très fiers de ce qu’on fait et du projet ; nous avons l’impression de participer à créer un monde un peu meilleur même si ce n’est qu’à l’échelle des scooters ! Notre action participe au bien être de tout le monde : moins de bruit, moins d’odeur, moins de pollution en ville !