En 2016, porté par l’Inde et la Chine, le trafic internet mobile mondial a dépassé le trafic sur ordinateur. Cette tendance qui va s’accentuer dans les années à venir oblige les développeurs à penser “mobile first” : les sites internet sont d’abord pensés pour s’adapter à une utilisation sur mobile avant d’être étendus aux ordinateurs.

Etat de l’art des applications disponibles sur mobiles

Pour donner accès à leurs applications sur mobile, les entreprises développent deux types de solutions :

  • un site web responsive dont le contenu est adapté à toutes les tailles d’écran, du mobile à l’ordinateur en passant par la tablette. Ce site est accessible via un navigateur web (Chrome, Safari, Firefox, etc.). On écarte ici le cas des sites “classiques” comme les blogs, les sites institutionnels de e-commerce pour se concentrer sur les applications web embarquant de l’intelligence
  • une application mobile accessible depuis un store (Apple App Store ou Google Play). Cette application peut-être native c’est à dire propre à un système d’exploitation (Apple iOS ou Google Android), ou cross-platform c’est à dire commune à plusieurs systèmes d’exploitation mobile

Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients :

Le site web mobile n’est pas disponible hors-ligne et son utilisation n’est souvent pas aussi naturelle qu’une application mobile.

L’application mobile native permet le fonctionnement hors ligne et une meilleure expérience utilisateur (UX) mais nécessite un développement spécifique à chaque système d’exploitation.

L’application cross-platform récupère des avantages et des inconvénients des deux mondes et représentait jusqu’à présent le meilleur compromis performance / coût de développement.

Les Progressive Web Apps

Une nouvelle architecture d’application fait évoluer cet état de fait en reprenant le meilleur des trois mondes existant : les Progressive Web Apps.

Il s’agit d’applications utilisant les standards de l’internet, accessibles depuis un navigateur et ne nécessitant pas d’installation, comme les webapps. Mais contrairement à ces dernières, elles utilisent un service worker, un script qui fonctionne en parallèle de l’application et qui permet un fonctionnement similaire à celui d’une application native :

  • Chargement instantané
  • Fonctionnement hors ligne
  • Accès aux fonctionnalités du téléphone comme la géolocalisation ou les notifications, mise à jour des contenus en arrière
  • Fonctionnement en plein écran sans faire apparaître la barre du navigateur pour une meilleure UX grâce à un manifest inclus dans l’application

Les progressive web apps sont disponibles via l’écran d’accueil du téléphone comme une application native classique. Elle utilisent le protocole HTTPS qui garantit la sécurité des informations stockées ou envoyées.

Mais surtout, chaque page dispose d’une URL propre ce qui la rend indexable par les navigateurs. Ce point représente sans doute le plus grand atout des PWA dans la guerre à venir contre les applications natives. En étant indexables, elle développent un potentiel marketing bien plus grand que les applications natives qui ne sont pas détectées par les moteurs de recherche et dont le contenu ne peut pas être partagé simplement par les utilisateurs, ces deux caractéristiques réduisant drastiquement les possibilités de croissance rapide du nombre d’utilisateurs.

Google adhère pleinement aux principes des PWAs et a rendu son système d’exploitation mobile Android et son navigateur Chrome pleinement compatibles avec les principes des PWAs. Côté Apple, on traine un peu la patte. Si les PWA sont installables sur iPhone, Safari n’est pas encore compatible avec les services workers qui permettent l’utilisation off line des PWA, mais ce n’est plus qu’une question de temps, le sujet est dans les tuyaux chez Apple.

Fonctionnement des PWA

Pour expérimenter le fonctionnement des PWA ouvrez votre navigateur mobile (utilisez Safari pour iOS et Chrome pour Android) et rendez vous sur le site d’une application qui a fait le choix du PWA. Par exemple le site web de l’Équipe. Enregistrez ensuite un raccourci vers le site web sur votre écran d’accueil. Voilà, vous avez téléchargé votre Progressive Web App. Vous pouvez désormais accéder à votre application sans avoir téléchargé de contenu depuis le store. Ce qui signifie également que vous n’avez plus de mise à jour à gérer.

 

Sur l’écran d’accueil, on peut voir l’application native (à gauche) et la PWA (à droite). Lorsqu’on affiche l’application, il n’y a presque aucune différence. la PWA se charge même plus rapidement que l’application native.

Quel avenir pour les application natives et les Stores ?

La principale caractéristique des Progressive Web Apps est donc de donner accès à une UX de haute qualité en s’affranchissant des stores. Un des avenirs possibles est donc de voir ces plateformes disparaître à long terme au profit de PWA téléchargeables directement depuis le navigateur. Cela semble toutefois un peu radical, notamment au regard de la popularité actuelle des apps natives.

Le plus probable, à moyen terme du moins, est de voir les PWAs devenir via leur potentiel de référencement des vecteurs de création de trafic pour aboutir ensuite au téléchargement d’une application native.

Pour se donner les chances de bénéficier de ce mouvement, nul doute que les entreprises vont prendre le virage des PWA dans les mois et les années à venir. Et ceci pour un coût relativement faible coût comparé au développement d’une application native.

La dernière barrière à lever est l’alignement d’Apple. Les retours positifs des early adopters devraient favoriser ce mouvement.