Selon l’expert en innovation et nouveaux médias Damien Douani, qui s’exprime sur ZDnet, le lancement raté du nouveau système de cartographie made in Apple est révélateur d’une faiblesse générale du modèle de fonctionnement de la firme de Cupertino.

C’est le « buzz » de la semaine, corollaire à la sortie triomphale (…) du nouvel iPhone 5 : la disparition de Google Maps (…) au bénéfice d’une solution maison Apple.

Problème : le nouveau venu n’est pas à la hauteur de son ainé. Pire, Apple se trouve obligé de s’excuser piteusement et de donner des alternatives en attendant que son logiciel s’améliore ! (…)

« L’affaire Maps » revèle surtout un talon d’Achille récurrent chez Apple : sortie du hardware et de l’OS, la firme à la Pomme a parfois du mal à développer des logiciels « de classe mondiale ». (…)

L’approche intégrée d’Apple montre ici ses limites : vouloir tout faire tout seul est une manière de tout contrôler, le mantra de Steve Jobs. Et on peut le comprendre : dans ce modèle de conception, s’ouvrir est parfois une manière de faire entrer le loup dans la bergerie, à l’image de Google qui prenait trop de place au gout d’Apple avec son Maps tout en ne répondant pas aux demandes d’évolutions de la Pomme (…).

Il ne reste plus donc à Apple qu’à développer ses propres solutions… Or dans le cas d’un outil comme Maps, ce sont des années d’expertise qu’il faut rattraper en quelques mois. (…) Pire, certaines fonctions sont sexy (flyover en 3D notamment) mais servent-elles l’expérience utilisateur ? Rien n’est moins sur ! (…)

La clé d’un outil comme Maps est la data, les données récoltées pour modéliser les points d’intérêts. Google investit depuis des années dans son StreetView, croise la cartographie et les résultats de son moteur de recherche, dans une logique intégrée à nouveau. Apple essaye de s’aventurer sur ces terres et doit obligatoirement passer par des partenaires, et c’est là que le bât blesse: inexpérience sur le domaine + agrégation de sources hétérogènes = logiciel non satisfaisant. Et le fait de devoir trouver des acteurs locaux forts pour les POI (points d’intérêts) en rajoute à la difficulté : Yelp est loin d’avoir la richesse informationnelle de Mappy en France…

Le problème est donc inextricable pour Apple : s’ouvrir aux autres et se faire « pirater » (le cas de Google) ou bien développer une solution interne faisant appel à de multiples partenaires et de fait créer un outil instable et non homogène.

Ce qui pose problème à Apple, c’est la logique web, ce mélange d’ouverture et d’agrégation de données pour donner des services structurés comme ceux de Google. Or Apple doit continuer à développer hardware et software de concert pour avoir une expérience optimale. Certains logiciels vont donc poser plus de problèmes que d’autres… (…)

Source : http://www.zdnet.fr/blogs/one-more-thing/maps-revelateur-du-talon-d-achille-d-apple-39783061.htm