Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs du monde de la tech, nous avons eu la chance de rencontrer Arthur Verrez, cofondateur de la solution de virtualisation de logiciels et de gestion IT, Flaneer. Ce service offre la possibilité de profiter de n’importe quel logiciel, et a fortiori ceux ne présentant pas de version SaaS, tout en profitant des mêmes avantages que pour une application web, voire plus. Arthur partage à ISLEAN son projet et son parcours dans l’aventure entrepreneuriale.

Rencontre avec Arthur Verrez, cofondateur de Flaneer

L'équipe de Flaneer

De gauche à droite : Arthur Verrez (co-fondateur), Paul Garnier (co-fondateur)

A quelle problématique répond Flaneer et quelle solution constitue-il ?

Nous vivons depuis une quinzaine d’années dans une expansion des services de cloud computing et de virtualisation des technologies. Les services web excellent dans leurs domaines comme Netflix dans celui du streaming, et de nombreux services cherchent à faire la transition de serveurs locaux vers des serveurs web car cela permet de pouvoir y accéder de n’importe où et avec plus de sécurité. Cependant les géants de la virtualisation et du cloud, comme VMware ou Citrix, ne s’adressent qu’à des énormes boîtes alors que les PME (250 employés ou moins) ont aussi ces besoins de virtualisation et de sécurisation et de nombreux logiciels restent aujourd’hui exclusivement utilisables en local.

C’est ici qu’intervient Flaneer : nous visons à offrir à tous nos utilisateurs la possibilité d’utiliser n’importe quel logiciel, même ceux n’existant qu’en local (comme des logiciels à visée académique) ou demandant beaucoup de puissance de calcul ou une carte graphique (des logiciels de graphismes, de CAO, de modélisation, etc), avec tous les avantages d’une application SaaS. On peut alors utiliser n’importe quel logiciel sans avoir à le télécharger sur son ordinateur, sans se soucier de la puissance de celui-ci, et travailler à distance à partir de n’importe où.

Quelle est la valeur ajoutée de Flaneer par rapport aux services de DaaS ou de SaaS des géants comme Amazon ?

Les grands noms du cloud computing comme Amazon, bien que présentant un service de virtualisation répondant à la demande, présentent plusieurs désavantages.

Premièrement, ils sont assez complexes à configurer et nécessitent une certaine connaissance technique. Flaneer offre un service à la portée de tous puisque ce sont nos algorithmes qui gèrent la création, la configuration, et le fonctionnement des serveurs, avec en plus de cela une adaptation de ces paramètres selon les besoins réels pour optimiser les dépenses.

Deuxièmement, lorsque vous créez une instance de serveur chez Amazon, les ressources que vous y réservez restent allouées même lorsque vous fermez votre session, ne serait-ce que pour le stockage de données, ce qui devient vite assez coûteux. C’est l’un des principaux défaut de ces services de cloud. Passer par Flaneer permet non seulement une diminution des coûts puisqu’en centralisant les demandes, nous bénéficions de tarifs beaucoup plus avantageux que des particuliers, mais aussi et surtout une optimisation de l’utilisation des ressources: lorsque vous fermez votre session, vos données sont sauvegardées en dehors de la machine virtuelle sur laquelle vous étiez, puis celle-ci est détruite pour libérer les ressources qui peuvent être utilisées par un autre utilisateur. Elles sont restituées dans une nouvelle VM, configurée automatiquement lorsque vous ouvrez votre session Flaneer, sans que rien n’ait changé du point de vue utilisateur.

Cela ajoute également un avantage de sécurité puisque la machine virtuelle est détruite à chaque fois que le client arrête de l’utiliser.

Enfin, et c’est là un avantage majeur de Flaneer, nous offrons des outils de gestion IT basés sur nos algorithmes de machine learning pour permettre une administration de groupe, par exemple pour les comptes des entreprises ou des établissement scolaires ou universitaires.

Quel rôle joue le machine learning dans le fonctionnement de votre service ?

Comme mentionné plus haut, des machines virtuelles sont détruites et créées à chaque fois que vous ouvrez ou fermez votre session utilisateur. Cette gestion de VMs (les allumer, les configurer, transférer les données stockées, etc) est automatisée. Le machine learning permet d’optimiser cette gestion, notamment par des algorithmes de prédiction basés sur les utilisations des clients.

Le ML joue également un rôle au niveau du backend pour améliorer l’expérience visuelle, c’est-à-dire le streaming de pixels de l’écran entre la machine virtuelle sur laquelle tourne les logiciels, et l’ordinateur utilisateur, notamment dans les cas où le client ne dispose que d’une faible connexion.

Quels sont les clients cibles qui seraient le plus intéressés par Flaneer?

On cherche à percer dans le milieu de l’éducation. Les écoles, les universités ont un fort besoin de gestion IT et d’automatisation à l’accès à divers logiciels, qu’ils existent en version SaaS ou pas. Il y a aussi les PME pour la gestion en interne ainsi que pour la sécurité. Enfin les entreprises pratiquant en interne le système BYOD (Bring Your Own Device) doivent pouvoir mettre à disposition de leurs employés les moyens nécessaires à la réalisation d’un travail de la qualité qui leur est demandée. Avec Flaneer, il serait possible pour tous d’avoir accès à des ressources adaptées aux besoins de leur travail tout en travaillant avec leurs propres ordinateurs, sans souci de leurs spécifications techniques et tout en permettant la mise en application du BYOD. Il en va de même pour les très nombreux utilisateurs de Chromebook, dont les utilités se voient vite limitées aux services fonctionnant sur ChromeOS.

Quel sont votre plan de développement et vos milestones pour les prochaines années, à court, moyen et long terme ?

Nous sommes actuellement basés aux Etats Unis, où nous avons fondé Flaneer, et nous nous implantons également en France. De cette façon, le décalage horaire de nos utilisateurs nous permet d’optimiser l’utilisation de nos serveurs 24h/24, en plus de nous construire un avis utilisateur plus diversifié.

A court terme, nous voulons arriver à percer sur le marché dans le domaine de l’éducation, puis, dans 5 ou 6 mois, nous élargirons notre spectre pour répondre au besoin des PME de 100 à 200 personnes environ. Après avoir acquis en compétences et en expérience, dans 1 an ou 2, nous nous adresserons aux grandes entreprises en concurrence avec par exemple Citrix, qui présente les désavantages évoqués plus haut.

C’est votre première expérience dans le monde du travail, et vous avez choisi de vous lancer directement dans l’entrepreneuriat, qu’est-ce qui, dans votre parcours, vous a amené à prendre ce risque ?

Mon stage de césure a été particulièrement important dans ma formation puisqu’il m’a permis de faire les connexions qui m’ont aidé à arriver là. C’est durant ce stage de 8 mois à AdoreMe (startup de e-commerce de lingerie) en 2020 que j’ai rencontré Morgan Hermand-Waiche, le PDG, et avec qui j’ai très vite créé une relation particulière. Lorsque nous avons voulu monter ce projet avec Paul Garnier, on a directement pensé à inclure Morgan pour nous lancer.

Le risque que représente l’entrepreneuriat ne nous fait pas peur car nous avons grande confiance en ce projet: le besoin est bien réel, il faut que ce service existe.

Si on le fait pas, quelqu’un d’autre le fera.

Si tu devais recommencer ce départ dans le monde de l’entrepreneuriat, quels enseignements tirerais-tu de cette première expérience ?

Je n’ai que peu de recul quant à mon parcours dans l’entreprenariat, mais je dirais bien s’entourer, ne pas hésiter à parler aux gens de notre projet pour développer l’idée elle-même, et vraiment consacrer du temps à faire tester l’outil ou le projet aux gens autour de soi avant de perdre son énergie à la stratégie ou aux investissement par exemple. Le plus important, c’est la manière de faire les choses plus que la chose elle-même.