Nombre de nos missions nous ont permis de travailler avec des acteurs majeurs du secteur public. L’une nos expertises est la dématérialisation des documents et des processus. Cette dernière s’inscrit dans la révolution numérique qu’est en train de vivre le secteur public.
Découvrez prochainement « Le guide du routard : Gestion électronique du courrier / des documents »
#1 – La transformation numérique, c’est maintenant !
Ce n’est plus une surprise pour personne : le monde vit une révolution numérique. Il serait donc dommage de voir toutes les entreprises se mettre en marche vers ce mouvement, en laissant sur la touche les acteurs du secteur public. Mais pour vivre cette révolution encore faut-il être prêt à la faire.
Le rapport de l’Inspection générale des finances a dévoilé récemment l’impact du numérique sur l’économie française : « Près de 80% de l’économie française concernés par l’économie numérique ».
« PRÈS DE 80 % DE L’ÉCONOMIE FRANÇAISE CONCERNÉS PAR L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE »
L’administration française fait partie du groupe de ceux qui ont dégagé le plus de gains grâce au numérique, tout en ayant transformé que très peu ses processus. Imaginez donc les gains possibles si l’Etat et ses administrations décidaient réellement de vivre une transformation profonde… L’enjeu est donc simple : l’Etat doit à présent mener à bien des chantiers qui vont au-delà des simples chantiers de dématérialisation ou d’informatisation menés timidement depuis la fin des années 1990.
Certains diront que l’Etat a déjà passé ce cap en se lançant dans de grands projets tels que Chorus (outils permettant le pilotage des dépenses de l’Etat) ou l’opérateur national de paye (projet avorté suite à des dérives budgétaires et de délais) ou encore RenoiRH (solution mutualisée pour les Ressources humaines qui sera déployée en Janvier 2017). Mais ne sont-ils pas trop grands pour des entités frileuses en termes de transformation numérique ?
#2 – Les enjeux pour la réussite de cette révolution sont triple
Il me semble que l’un des enjeux importants des prochaines années est de réfléchir à un plan d’actions durable en tenant compte des besoins des usagers et non pas des idées venues de très hauts.
« Un Français sur quatre juge complexe sa relation avec l’administration »
Il sera également nécessaire de définir les moyens que l’Etat est prêt à mettre à disposition pour suivre ce plan d’actions : des moyens financiers mais également techniques. Ces derniers réfèrent à un problème que nous avons souvent rencontrés lors de nos missions dans le secteur public : la DSI, mettant l’accent sur la sécurité, se montre très frileuse quant à la mise à disposition du code source de ses applications. Or, ce point pourrait permettre de concevoir les applications de manière globale et connectée les unes aux autres et non pas développées de manière indépendante. Un autre point majeur est celui de la méthode de travail. L’Etat ne peut pas innover sur le plan technologique sans innover sur le plan managérial : l’esprit start-up dans la gestion des projets doit prendre le dessus !
#3 – Les initiatives se multiplient …
Suite à un rapport publié en février 2016, la Cour des comptes a émis quinze recommandations pour permettre aux citoyens d’avoir un accès à l’ensemble des services publics via une plateforme unique (prise de rendez-vous, formulaires disponibles en ligne, télépaiements…) afin de simplifier la relation avec l’administration.
Ces recommandations ont déjà été plus ou moins suivies puisque quatre de ces recommandations sont en cours de réalisation :
- Recommandation 2 : Renforcer les actions de l’administrateur général des données par la constitution d’un réseau de responsables de la donnée au sein des ministères
- Recommandation 9 : Réaliser le répertoire des bases de données des administrations couvertes par un secret protégé par la loi, objectiver les contraintes juridiques pouvant en restreindre la diffusion aux administrations et définir un mode opératoire de leur usage à destination de ces administrations
- Recommandation 10 : Faire à terme du futur portail service-public.fr le mode d’accès unique aux démarches administratives et à leurs informations
- Recommandation 13 : Multiplier les points d’accès aux services publics numériques (bureaux de poste, bibliothèques, etc.) en accès libre, équipés notamment d’imprimantes, avec un personnel d’accompagnement et le cas échéant des volontaires du service civique formés

Recommandations issues du rapport « Relations aux usagers et modernisation de l’Etat : vers une généralisation des services publics numériques »
Pour exemple : Secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification a présenté le 29 juin 2016 le nouveau système d’identification et d’authentification en ligne de l’État : FranceConnect.
« FranceConnect est déjà utilisé par plus de 100 000 usagers. Environ 2 000 nouveaux internautes par jour – jusqu’à un pic de 5 000 le 4 juillet dernier – le sollicitent pour accéder à plus d’une vingtaine de services»
#4 – … mais pas pour tout le monde !
L’étude menée par Markess, intitulée « Secteur Public : Marchés des logiciels et services numériques, 2015 – 2017 », a révélé des disparités en termes d’investissement dans le domaine du numérique entre les différents acteurs du secteur public. Pour les plus « démunis » de moyens, la priorité reste leurs missions quotidiennes et non les projets d’avenir liés au numérique. Il sera donc important d’apporter les moyens suffisants et nécessaires à l’ensemble des acteurs pour que tout le monde puisse participer à cette transformation numérique.
Parmi les plus motivés ou nécessiteux, nous retrouvons :
- Les acteurs de la santé : grâce à la dernière loi santé qui prévoit la mise en place d’« un service public d’information en santé»
- Les projets du SGMAP : à travers les chantiers de l’Etat-Plate-Forme (dont fait partie FranceConnect) ou encore les programmes d’investissements d’avenir
- Les futures « Smart cities »
- Les nouvelles régions et intercommunalités : via les projets de mise en commun des systèmes d’information et de mise en place de nouveaux outils pour faciliter le fonctionnement de ces nouveaux territoires
#Conclusion
L’Etat et ses administrations ont trop à gagner (ou à perdre) pour passer à côté de la révolution numérique que le monde vit actuellement. Mais, bien que des initiatives soient mises en place et que de grands projets numériques voient le jour, il est important et nécessaire que l’Etat pose les principes de cette révolution et transforme en profondeur ses habitudes pour assurer la réussite de ces projets auprès de l’ensemble des acteurs du secteur public.
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