Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer François-Xavier Goemaere, co-fondateur de SkyBoy, une start-up évoluant dans l’écosystème de la réalité augmentée. François-Xavier partage pour ISlean consulting son aventure entrepreneuriale et son expérience.
Quel est le problème à résoudre qui a lancé SkyBoy ?
Tout d’abord, le projet nait d’une rencontre entre Vincent Burgevin, réalisateur et scénariste depuis 15 ans et moi, Urbaniste à l’origine. Notre rencontre est une véritable opposition entre le réel et le virtuel et ce qui nous a rassemblé était l’envie de raconter des histoires dans la vraie vie. Nous avons regardé ce que pouvait apporter la réalité augmentée parce que nous trouvions que cette technologie offrait de belles promesses. Mais nous avons été vite déçus par la concrétisation. En effet la réalité augmentée ne permet pas aujourd’hui d’avoir une belle image comme on peut l’avoir au cinéma et ne permet pas d’aller dans l’émotion au travers de la narration. Nous avons donc développé notre propre technologie basée sur la vidéo 360° que l’on va contextualiser : nous allons faire croire aux gens qu’ils sont en train de filmer quand ils vivent une expérience. En fait ils regardent une vidéo qui se superpose parfaitement à l’environnement réel.
Quelle est votre promesse et quel est le concept associé à cette promesse ?
SkyBoy c’est une expérience extraordinaire que personne n’a jamais vue dans le champ de la réalité augmentée grâce à sa technologie brevetée « Overlap Reality » et la transformation de cette expérience dans l’univers digital pour créer de la valeur pour le client. SkyBoy, avec sa technologie a pour vocation de mettre de la qualité cinématographique dans une expérience de réalité augmentée.
Au départ notre concept était basé sur une application mobile. Aujourd’hui, cette barrière a été levée. Nous avons fait évoluer notre technologie pour la rendre disponible directement sur le web mobile via une URL, un mail, un post sur les réseaux sociaux ou encore un QR-Code. Nous avons par ailleurs, des clients qui nous demande de créer des applications à implémenter dans des « devices » de type tablettes qu’ils vont prêter ou louer. Nous l’avons fait par exemple pour l’Opéra de Paris. Aujourd’hui il est possible de visiter l’Opera Garnier avec une tablette en location à l’entrée, permettant d’expérimenter une visite inédite de l’Opéra Garnier. Ce contrat va courir sur six années consécutives d’exploitation.
Nous avons réalisé un projet avec Les Galeries Lafayette qui a été très viral et qui nous a apporté une certaine reconnaissance dans le secteur de la réalité augmentée car personne n’avait vu une expérience de réalité augmentée aussi belle, aussi poétique et aussi narrative que ce que nous avions fait et cela nous a ouvert un deuxième élément très fort de notre proposition de valeur : au-delà de faire vivre une expérience, de réenchanter un lieu, de surprendre le spectateur avec quelque chose qu’il n’a jamais vu, nous travaillons exclusivement avec le smartphone de l’utilisateur. Pas de besoin de casque ou de lunette. Nous avons fait ce choix car nous souhaitons que le plus grand nombre puisse vivre une telle expérience et toute personne possède aujourd’hui un smartphone. Plus encore ce smartphone est connecté à aux réseaux sociaux et la carte de crédit. Ce qui fait que l’expérience vécu se transformée en quelque chose qui a de la valeur pour nos clients : la viralité. Par exemple, pour la Fashion Week de Louboutin, ce sont 500 personnes qui vivent l’expérience de façon directe et plus de 3 000 000 qui la vivent sur les réseaux sociaux. Voici un exemple de comment transformer une expérience à vivre in situ dans de la communication marketing extrêmement virale. La seconde chose est que nous pouvons créer des mécaniques d’engagement en gamifiant des parcours et cela nous permet de mettre des focus sur des produits que nos clients veulent mettre en avant dans leurs magasins. Troisièmement, nous remontons de la data d’utilisation du smartphone qui peut être analysée derrière par les services marketing. Enfin nous pouvons contribuer à créer de la valeur : par exemple quand je vis une expérience dans un musée, ce musée peut me proposer à la fin de mon expérience, des réductions dans des enseignes partenaires. Ces personnes seront donc plus enclines à tirer parti de ces offres et par conséquent générer du revenir pour ces enseignes partenaires.
Comment avez-vous lancé le projet ?
L’idée originale a été portée par mon associé Vincent qui a toujours travaillé de manière innovante. Il a eu l’intuition que la réalité augmentée allait être une nouvelle façon de raconter des histoires.
Il y a siècle, pour vivre une expérience audiovisuelle il fallait aller au cinéma. Il y a 50 ans, cette expérience est arrivée dans nos salons avec la télévision. Il y a une dizaine d’année, avec Youtube, Dailymotion, nous avons senti que l’étape suivante serait probablement d’utiliser comme support le monde réel. Nous nous sommes dit : « si nous devons développer un projet, il ne doit pas couper le monde virtuel du monde réel ». C’est pour cela que nous travaillons dans des « devices » qui permettent à la fois de garder le contact avec la vie réelle et d’augmenter cette vie réelle avec une narration, une histoire pour aller chercher l’émotion et faire vivre une expérience inédite.
SkyBoy aujourd’hui ?
SKYBOY a 4 ans aujourd’hui et est accélérée par LVMH à Station F. Notre équipe compte 10 personnes au total dont 4 co-fondateurs : Vincent Burgevin (réalisateur et scénariste), un Vincent Bordes (producteur), Grégory Duhamel (expert technique) et moi (urbaniste doublé un parcours « école de commerce »). Nous avons 6 salariés dont une moitié travaille sur le développement informatique et l’autre moitié sur le business developement.
En 2018, notre CA était de 170 000 €. En 2019, il est monté à près de 1 000 000 €. Nous sommes dans un moment de forte croissance et nous prévoyons une levée de fond série A fin 2020.
Nous venons de lancer un nouveau produit, Motionspot qui est la déclinaison en mode SaaS de notre technologie d’Overlap Reality pour permettre à nos clients d’acheter la technologie et créer par eux-mêmes le contenu. C’est un pivot important qui va nous apporter plus de scalabilité et de récurrence.
Les suites du développement ?
Nous avons la conviction qu’une vidéo contextualisée peut rendre 70 à 80% des raisons pour lesquelles nos clients veulent faire de la réalité augmentée. Pour nous « Video is not dead » et notre souhait est que l’Overlap Reality soit un des standards internationaux de la réalité augmentée. Ce ne sera pas la seule, mais elle peut être un des standards car elle possède des atouts importants :
- Une très grande facilité de création de contenu (avec Motion Spot)
- Une vraie facilité de visionnage (pas besoin d’application, il faut juste un smartphone et un lien).
Nous restons toujours dans le B2B car nous croyons que pour installer ce standard, ce sera plus rapide et plus sûr de le faire au travers d’une activité de B2B. En plus, objectivement il y a encore beaucoup de place de marché à aller prendre.
Quelles sont les leçons que tu retiens après ces 4 premières années ?
J’étais déjà entrepreneur avant SkyBoy. Je dirigeais une agence d’ingénierie culturelle que j’ai développée pendant 8 ans puis ensuite revendu avant de lancer ce projet. Mais il faut dire que j’ai indéniablement changé de vie. Contrairement à mon ancienne entreprise, nous avons aujourd’hui une équipe beaucoup plus diversifiée, une équipe qui promet beaucoup de liberté dans sa capacité à aller investir de nouveaux champs non encore explorés et cela est quelque chose de très enrichissant. C’est également un business model complètement différent de ce que j’ai pu connaitre auparavant car nous finançons aujourd’hui notre développement en faisant appel à des capitaux extérieurs.
Sur ces 4 années, une autre chose importante que j’ai apprise est l’acceptation du droit à l’erreur. Je dis toujours à mes équipes : « si vous ne vous trompez pas, c’est que vous n’êtes pas allés assez loin et assez fort ». Notre milieu oblige la recherche d’une croissance rapide et cela va de pair avec une certaine prise de risque.
C’est un changement de modèle qui me plait beaucoup et qui m’épanouit. La vie de startupper aujourd’hui c’est d’être passionné, parfois de savoir être un peu résiliant mais de pouvoir avancer avec une ambition en tête et un niveau de partage que je trouve passionnant.
Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?
Mon conseil c’est : Entourez-vous ! Quand on monte une start-up, on a besoin d’être bon dans beaucoup de secteurs, (technologie, connaissance du marché, financement de projet, communication, marketing… Il y a tellement de domaines à maîtriser pour avancer vite qu’objectivement, il est difficilement possible de le faire tout seul.
Les start-up qui ont réussi autour de nous sont celles qui au départ ont des associés qui se fixent un même objectif et qui ont envie de le développer à plusieurs. Ne restez donc pas tout seuls n’ayez pas peur de partager vos idées. Il y a plus d’idées qui meurent dans la tête de gens qui restent seuls que d’idées qui se font voler parce qu’on les a partagés avec d’autres. Allez-y, parlez de vos projets, avancez et un jour passez à l’action !